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Dans mon chapeau...

Dans mon chapeau...
27 décembre 2008

"Asie"

Qu'il fait bon vivre face à la mer.
Les bateaux passent si près de la côte
qu'un passager pourrait tendre le bras
et casser les branches d'un des saules
qui poussent ici. Des chevaux galopent ventre à terre
au bord de l'eau, le long de la plage.
Si les hommes d'équipage le voulaient, ils pourraient
confectionner un lasso, le lancer
et embarquer l'un des chevaux.
De quoi leur tenir compagnie
pendant le long voyage vers l'est.

De mon balcon, je peux déchiffrer les visages
des hommes qui contemplent les chevaux,
les arbres et les maisons à deux étages.
Je sais ce qu'ils pensent
quand ils voient un homme sur un balcon agiter la main,
avec sa voiture rouge dans l'allée.
Ils le regardent et considèrent qu'ils ont
de la chance. Quel mystérieux coup
de la bonne fortune, se disent-ils, que d'avoir pu
être conduits jusqu'à ce navire
en partance pour l'Asie. Les années de petits boulots,
de travail dans les entrepôts, de débardage
ou bien de désoeuvrement sur les docks,
sont oubliées. Ces choses-là sont arrivées
à d'autres, plus jeunes qu'eux,
pour autant qu'elles soient arrivées.

                           Les hommes à bord
lèvent les mains et les agitent en réponse.
Puis s'immobilisent, serrant la rambarde,
tandis que le bateau s'éloigne sans bruit. Les chevaux
quittent les arbres pour le soleil.
Regardent le bateau glisser.
Des vagues se brisent contre la coque.
Contre la plage. Et dans l'esprit
des chevaux où
c'est toujours l'Asie.

Raymond Carver, "La vitesse foudroyante du passé", Points, 2008, pp. 171-172 (traduit de l'Anglais par E. Moses)

Un autre poème de Raymond Carver, dans mon chapeau: "La toile d'araignée"

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26 décembre 2008

La loi face à la barbarie

"La loi" de Thomas Mann517Y6RVZ1VL__SL500_AA240_
4 1/2 étoiles

Mille et une nuits, 1997, 141 pages, isbn 2842050940

(traduit de l'Allemand par Nicole Taubes)

Dans ce court roman, écrit en 1943, Thomas Mann revisite l'histoire de Moïse, de l'exode d'Israël hors d'Egypte et de l'instauration des dix commandements. Le sujet peut surprendre, ou à tout le moins paraître archaïque. Ce n'était pourtant pas la première fois que Thomas Mann se frottait à l'Ancien Testament. En cette même année 1943, il venait enfin de publier "Joseph nourricier", le dernier volet de sa monumentale tétralogie consacrée à l'histoire de Joseph et de ses frères (un projet qui l'occupait depuis 1927). C'est dire non seulement que Thomas Mann se trouvait là en terrain familier, mais surtout qu'il savait très bien ce qu'il faisait.

A vrai dire, la relecture de l'Exode que nous offre ici Thomas Mann est assez peu orthodoxe. Moïse nous y est présenté comme un être terriblement humain, intransigeant, vaniteux, voluptueux et qui n'hésite pas à interpréter son fameux décalogue comme ça l'arrange: bien sûr, il est dit que "Tu ne commettras pas l'adultère", mais non voyons, cela ne veut pas dire que Moïse ne peut pas prendre une concubine en sus de son épouse légitime... Et vous n'aurez tout de même pas le culot de lui dire comment il doit interpréter son décalogue? Thomas Mann maintient ainsi de bout en bout l'ambiguité concernant les origines, divines ou au contraire très humaines, de la loi du "peuple élu".

Mais en fin de compte, les ombres et les ambiguités qui entourent la naissance de cette loi - la loi originelle dont l'influence ne s'est jamais éteinte dans notre monde occidental - n'ont aucune importance. Et c'est en cela que ce bref roman se révèle magistral: montrer la loi, si humaine et si imparfaite soit-elle, comme l'affirmation de la vie face à la mort, de l'humain face à la barbarie. En 1943, la question était bien sûr d'une actualité brûlante. Et elle n'a sans doute pas cessé de l'être.

Et puis, je m'en voudrais de passer sous silence les qualités littéraires de ce texte, où Thomas Mann a su ressusciter une langue incantatoire - imprécatoire parfois -, qui ne saurait laisser indifférent. Pour toutes ces raisons, ce bref roman, oeuvre peu connue en comparaison d'autres livres de son auteur (et qui est  enrichi ici d'une très belle lecture de Raphaël Draï), est loin, bien loin, de n'être qu'un texte mineur.

Extrait:

"Car d'autant plus nombreux se pressaient les demandeurs à son siège de la source que la justice était quelque chose d'entièrement nouveau pour cette race misérable et abandonnée, que jusqu'alors elle avait à peine su qu'il existât semblable chose, et qu'elle savait donc depuis peu, premièrement que le droit était en rapport très étroit avec l'invisibilité de Dieu et avec Sa Sainteté, et se trouvait sous Sa protection, et deuxièmement, que le bon droit incluait également le tort, ce que cette masse vulgaire fut longtemps sans pouvoir comprendre. Car elle croyait que là où régnait le droit, chacun dût obtenir raison, et elle ne voulait pas croire, au début, qu'on pût également avoir justice alors qu'il vous était donné tort et qu'on repartait le coeur frustré." (p. 63)

Un autre livre de Thomas Mann, dans mon chapeau: "La mort à Venise".

D'autres livres de Thomas Mann sont présentés sur Lecture/Ecriture.

25 décembre 2008

A vous tous qui passez par ici...

Un très joyeux Noël et une heureuse année 2009!

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"La Nativité, projet pour un plafond", Anonyme français du XVIIIe siècle, Musée du Louvre (Source)

22 décembre 2008

Chaos très très civilisé

18995961_w60_h_q80"Caos calmo" d'Antonello Grimaldi,
avec Nanni Moretti

Adaptation du roman éponyme de Sandro Veronesi - succès de librairie et prix Fémina étranger 2008 -, le film d'Antonello Grimaldi ne pouvait sans doute pas passer inaperçu. Il le pouvait même d'autant moins qu'il est servi par un casting impressionnant, rassemblant Nanni Moretti, Valeria Golino, Charles Berling, Denis Podalydès et, le temps d'une courte apparition, Roman Polanski. Une telle brochette d'acteurs laisse présager un film impeccable. Et ma foi, c'est bien ce que j'ai vu: un film impeccable, pas désagréable du tout à regarder et tout à fait civilisé en dépit d'une scène de sexe un peu osée (et qui aurait, paraît-il, fait scandale en Italie (?)), scène qui présente surtout à mes yeux le défaut de tomber comme un cheveu dans la soupe tant on ne la voit littéralement pas arriver, tant on ne voit rien de la montée de ce désir qui prend soudainement une forme si "violente"...

L'impression qui me reste au final est celle d'un film agréable, certes, mais plus lisse, plus sage, que ce que son sujet laissait espérer. Et le sentiment d'être resté à la surface d'émotions et de questionnements que le livre de Sandro Veronesi, que je n'ai pas encore lu, abordait peut-être plus en profondeur ou, en tout cas, autrement? D'ailleurs, je crois bien que je m'en vais y regarder de plus près...

21 décembre 2008

Couleurs automnales (3)

L'automne au Canada, c'est bien sûr le rouge des érables... Mais dans le Sud-Ouest de l'Ontario, les sassafras jouent aussi, de toute la flamboyance de leur feuillage, leur part dans le concert des teintes automnales...

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Hamilton (ON) (cliché Fée Carabine)

Couleurs automnales (1), (2) et (4)

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20 décembre 2008

Puissance originelle de la tragédie

“Théâtre complet” d’Eschyle
4 ½ étoiles51PAGBZZEBL__SL160_AA115_

GF-Flammarion, 2006, 247 pages, isbn 2080700081

(traduit du Grec par Emile Chambry)

Eschyle est passé à la postérité comme le père de la tragédie antique, autant à cause de l’intensité dramatique inédite qu’il lui a conférée que pour les innovations techniques qu’il lui a apportées, innovations dont la plus importante est sans doute l’ajout d’un second acteur alors que jusque là un seul protagoniste dialoguait avec le chœur. Son œuvre - ou du moins le peu que nous en connaissons, sept pièces à peine sur les 90 que lui prête la tradition – n’a pas cessé d’influencer et de nourrir toute la création théâtrale occidentale. Et pourtant, elle ne peut que surprendre le lecteur d’aujourd’hui, tout prévenu qu’il soit par la préface d’Emile Chambry, traducteur et maître d’œuvre de cette édition, ou encore par l’essai qu’Ismail Kadaré a consacré au dramaturge grec, “Eschyle ou l’éternel perdant”. Car cette œuvre se révèle à la fois étonnament statique – l’action ne prend pas place sur la scène qui n’en accueille jamais que le récit a posteriori – et profondément émouvante, toute sa puissance dramatique se concentrant dans l’expression des sentiments suscités par l’action qui se déroule hors champ.

Ce volume publié aux éditions GF-Flammarion reprend les sept pièces conservées d’Eschyle.

  • “Les suppliantes”, qui nous est parvenue dans un état très fragmentaire, et qui évoque le destin des cinquante filles de Danaos, bien déterminées à échapper à un mariage avec leur cinquante cousins, fils de leur oncle Egyptos.
  • “Les Perses” retraçant la déroute de l’armée de Xerxès à Salamine, et ses conséquences pour l’empire perse, privé en quelques heures de la fleur de sa jeunesse.
  • “Les sept contre Thèbes” nous conte la lutte fratricide des deux fils d’Œdipe et de Jocaste, Etéocle et Polynice, et se referme sur la mort des deux frères alors que leur sœur Antigone vient de prendre la décision d’ensevelir Polynice dans le respect des rites, malgré l’interdiction de leur oncle Créon.
  • “Prométhée enchaîné”, qui se penche sur le sort du premier rebelle, enchaîné sur un rocher où un aigle vient chaque jour lui dévorer le foie, s’ouvre sur une scène étonnante où l’on voit Héphaistos, le dieu forgeron, pris de pitié pour le titan qu’il doit laisser entravé dans ce lieu désolé et abandonné de tous…
  • Enfin, l’ensemble est complété par les trois pièces de l’Orestie, la seule des trilogies dramatiques d’Eschyle qui nous soit parvenue dans son intégralité, déroulant le cycle des vengeances qui suivit le sacrifice par le roi de Mycènes de sa fille aînée Iphignénie, au début de la guerre de Troie, en passant par le meurtre du roi par son épouse Clytemnestre (dans “Agamemnon”) puis par l’assassinat de cette dernière par leur fils Oreste (“Les Choéphores”) avant que l’intervention de la déesse Athéna, instituant un tribunal pour juger les crimes de sang, ne mette fin à la spirale de la violence (“Les Euménides”).

Si la traduction d’Emile Chambry, déjà ancienne, peut paraître ça et là quelque peu vieillotte, le théâtre d’Eschyle n’en conserve pas moins une fraîcheur et une force étonnante. Et la présente édition offre juste ce qu’il faut de notes pour nous permettre de l’apprécier pleinement.

18 décembre 2008

"Les palais des Atrides sont aujourd'hui plus nombreux que jamais..."

"Eschyle ou l'éternel perdant" d'Ismaïl Kadaré2252_2
4 étoiles

Fayard, 1988, 129 pages, isbn 2213020884

(traduit de l'Albanais par Alexandre Zotos)

C'est une évocation toute personnelle d'Eschyle - de l'homme et de son oeuvre - qu'Ismaïl Kadaré (auteur des mois d'octobre et novembre 2008 sur Lecture/Ecriture) nous propose ici.

Et donc: l'homme tout d'abord, presqu'en guise d'entrée en matière pour cet essai fort peu académique. L'homme et le mystère de sa vie dont on sait si peu de choses. L'homme et le mystère encore plus insondable de son oeuvre, dont nous ne connaissons somme toute qu'une proportion infime (7 pièces dont l'une, "Les suppliantes" ne nous est parvenue que sous une forme très fragmentaire, alors que la tradition lui en prêtait environ 90!): une perte d'autant plus vertigineuse qu' "on ignore ce qu'aurait été la littérature mondiale sans Eschyle. (...) Qu'auraient été les sorcières de Shakespeare, son Macbeth, son Hamlet, qu'aurions-nous eu à la place des fantômes de Banquo et du roi de Danemark? Sans doute les dramaturges auraient-ils cherché et trouvé d'autres manières de traduire le tourment qui ronge la conscience humaine, mais ce qu'a su découvrir le dramaturge chauve deux mille cinq cents ans plus tôt, dans sa chambre sans livres, n'en serait pas moins demeuré insurpassable." (p. 13) Il y a là ample matière à réflexion, surtout pour un écrivain comme Ismaïl Kadaré, sur les effets du passage du temps et sur le jugement que celui impose aux oeuvres d'art...

Mais si fascinante que soit cette entrée en matière, Ismaïl Kadaré n'en reste pas là et la re-lecture qu'il nous propose ensuite des sept tragédies d'Eschyle conservées jusqu'aujourd'hui se révèle si possible encore plus passionnante à défaut d'être indiscutable. Un postulat assez simple sert de base de cette relecture: aux yeux d'Ismaïl Kadaré, l'ensemble de la péninsule balkanique, y compris la Grèce et l'Albanie, partageant un patrimoine culturel commun, l'oeuvre d'Eschyle - tout comme d'ailleurs celle d'Homère - est susceptible de venir éclairer les traditions albanaises, et réciproquement. Et c'est là sans doute que le caractère fort peu académique de cet essai, au demeurant d'une lecture très agréable, peut être perçu comme une faiblesse. Car Ismaïl Kadaré ne nous fournit guère d'arguments pour nous convaincre de la justesse de son postulat: les travaux de quelques historiens sont bien mentionnés ici ou là, mais sans aucune référence précise et l'élément le plus convaincant est peut-être encore cette brève évocation des recherches d'Albert Lord et Milman Parry: "Dans les années trente, deux américains spécialistes d'Homère (...) eurent l'idée originale d'entreprendre un voyage à travers l'Albanie du Nord et le Sud de la Yougoslavie, région qui constituait le dernier laboratoire vivant où l'on produisait encore une poésie épique de type homérique. Au cours de leur périple, ils cherchèrent - et parfois parvinrent - à résoudre certaines des questions que posent les poèmes d'Homère, et cela grâce à des contacts directs avec les rhapsodes de l'époque dont ils sollicitaient patiemment les témoignages." (pp. 106-107)

Thèse discutable, donc, pour un livre dont l'intérêt est, lui, tout à fait indiscutable car à mesure qu'il s'efforce de mettre en lumière les grands thèmes et questionnements qui parcourent l'oeuvre de son illustre devancier, Kadaré semble avoir aussi explicité les grands thèmes et questionnements  qui sont au coeur de ses propres livres (y compris de certains ouvrages bien postérieurs à l'écriture d' "Eschyle ou l'éternel perdant"). Le thème de l'endo- ou de l'exogamie qui est au centre des "Suppliantes" d'Eschyle se retrouve ainsi dans des ballades populaires albanaises et, de là, dans "Qui a ramené Doruntine?". Le meurtre du roi ("Agamemnon") se mue en meurtre du successeur désigné dans le roman de ce nom. Et la question du droit, entraînant la mort du meurtrier, question essentielle des deux derniers volets de l'Orestie d'Eschyle ("Les Choéphores" et "Les Euménides") trouve d'innombrables avatars dans les livres du romancier albanais (centrale dans "Avril brisé", cette question se révèle discrète mais toujours essentielle dans "Le cortège de la noce s'est figé dans la glace"). Jusqu'au périple albanais d'Albert Lord et Milman Parry qui a fourni la matière du "dossier H".

"Eschyle ou l'éternel perdant" fait ainsi figure de programme ou de déclaration d'intention voire même de véritable manifeste où Ismaïl Kadaré expose sa conception de la littérature et du rôle qu'il lui revient de jouer dans le monde d'Eschyle comme dans le nôtre aujourd'hui: "Les palais des Atrides sont aujourd'hui plus nombreux que jamais de par le monde. Le Kremlin ou le Vatican, le palais des Borgia ou le Palais d'Hiver, des dizaines de palais ou de demeures dont les murs ont vu ou entendu des crimes à faire frémir le monde entier, attendent encore leur Shakespeare ou leur Eschyle." (p. 121) Ce livre est une clé, sinon à la compréhension de l'oeuvre d'Eschyle - à la découverte de laquelle il aura du moins eu le mérite de m'inciter, ce qui est loin d'être négligeable -, mais certainement à la connaissance de l'oeuvre d'Ismaïl Kadaré.

Extrait:

"Qu'Eschyle soit le plus grand des perdants, non seulement parmi tous les écrivains, mais de tout le genre humain, c'est là une autre évidence. Le dommage qu'il a subi est à la mesure des Titans - comme le trésor qu'il a laissé. Il est donc en quelque sorte un être hybride: moitié lumière, moitié ombre éternelle; et, par là-même, il incarne le monde tel que se le représentaient les Grecs: avec la lumière de la vie mêlée aux ténèbres de l'enfer. Cette perte est désormais inséparable de son histoire, et toute étude sur Eschyle qui ne la prendrait pas en compte serait forcément incomplète. Ce vide nous presse de toutes parts. Pour tout exégète d'Eschyle, le moment vient où la nuit tombe subitement, et il a beau chercher à poursuivre son chemin, essayer de savoir ce qu'il y avait là, nul n'est en mesure de répondre. Il ne peut donc y avoir d'étude sur Eschyle sans la conscience de ce vide, et, de ce fait même, il n'y aura jamais d'étude complète sur lui." (pp. 14-15)

D'autres livres d'Ismaïl Kadaré, dans mon chapeau: "La fille d'Agamemnon" , "Le Successeur" , "Invitation à un concert officiel et autres nouvelles" et "L'année noire - Le cortège de la noce s'est figé dans la glace".

Vous trouverez également, dans mon chapeau, un billet consacré au Théâtre d'Eschyle

17 décembre 2008

Quand le corps se fait "autre"

"Métamorphoses", chorégraphie de Frédéric Flamand
interprétée par le Ballet National de Marseille

Théâtre Royal de Namur, le 16 décembre

Frédéric Flamand et le Ballet National de Marseille ont ici fait appel à la complicité de deux designers brésiliens, les frères Humberto et Fernando Campana, pour revisiter les "Métamorphoses" d'Ovide à la lumière de nos obsessions contemporaines. Par le jeu d'éclairages et d'accessoires à première vue incongrus mais dont on comprend au fil du spectacle qu'ils n'ont rien de gadgets, les corps des danseurs se muent en créatures inquiétantes. Et le corps de ballet - car c'est bien de l'ensemble des danseurs qu'il faut parler alors - en vient à ne faire plus qu'un organiquement avec des musiques - telles la sonate pour violon et piano de Maurice Ravel - dont je n'imaginais pas qu'elles puissent se prêter à une semblable métamorphose.

Une heure et dix minutes d'une expérience intense, surprenante et fascinante!

Présentation du spectacle sur le site du Théâtre Royal de Namur

Article de Jean-Marie Wynants

15 décembre 2008

Splendeur et dévastation

afte2"A cinq heures de l'après-midi" de Samira Makhmalbaf,
avec Agheleh Rezaïe

En 2001, le cinéaste iranien Mohsen Makhmalbaf avait consacré avec "Kandahar" un film aussi sombre qu'il n'était visuellement éblouissant au sort des femmes dans l'Afghanistan contrôlé par les Talibans. Deux ans plus tard, dans Kaboul à peine libérée, c'était au tour de sa fille Samira de prendre sa caméra pour nous conter l'histoire de Nogreh et de sa famille dans un film guère plus optimiste mais tout aussi magnifique que celui de son père.

Certes, en 2003, à Kaboul, les écoles s'étaient rouvertes et les filles avaient à nouveau le droit de les fréquenter. Mais la violence n'en continuait pas moins à faire rage. Et la détermination avec laquelle Nogreh et ses camarades de classe voulaient s'impliquer dans la vie sociale, économique et politique de leur pays ne cessait pas de se heurter à des comportements sexistes bien ancrés. Si bien qu'"A cinq heures de l'après-midi" pourrait passer pour un film désespéré si la beauté de ses images n'offrait vaille que vaille un barrage contre le désespoir. Et si son existence-même n'était un signe d'espoir malgré tout, et malgré tout le temps qu'il faudra encore avant que l'Afghanistan ne retrouve vraiment la paix.

Cinq ans après sa sortie en salle, le film de Samira Makhmalbaf, diffusé hier soir sur Canvas*, ne m'a paru, à l'épreuve du temps écoulé, que d'autant plus juste et sensible...

* Deuxième programme de la télévision belge d'expression flamande

14 décembre 2008

Un réveillon sans surprise

affiche_cuisine"Cuisine et dépendances" d'Agnès Jaoui et Jean-Pierre Bacri,
Mise en scène de Daniel Hanssens

Théâtre Royal de Namur, le 13 décembre

En la transposant un soir de Saint-Sylvestre, Daniel Hanssens a fait de la première pièce écrite à quatre mains par le duo d'Agnès Jaoui et Jean-Pierre Bacri un spectacle idéal pour les fêtes de fin d'année, bonne humeur garantie. On peut certes imaginer ce texte interprété avec un tout petit peu plus de mordant. Mais l'on n'en rit pas moins beaucoup au long de cette soirée qui tourne au désastre pour la maîtresse de maison (le dîner était trop salé, vraiment...) comme pour son mari, qui se sent bien coincé entre les inexplicables sautes d'humeur de madame et les "talents" de joueur de poker de son beau-frère...

Un réveillon agréable, sans grande surprise.

Présentation du spectacle sur le site du Théâtre Royal de Namur

Article dans Le Soir

Dans mon chapeau: un billet consacré au film "Cuisine et dépendances" de Philippe Muyl, avec Agnès Jaoui et Jean-Pierre Bacri.

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