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Dans mon chapeau...
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20 décembre 2008

Puissance originelle de la tragédie

“Théâtre complet” d’Eschyle
4 ½ étoiles51PAGBZZEBL__SL160_AA115_

GF-Flammarion, 2006, 247 pages, isbn 2080700081

(traduit du Grec par Emile Chambry)

Eschyle est passé à la postérité comme le père de la tragédie antique, autant à cause de l’intensité dramatique inédite qu’il lui a conférée que pour les innovations techniques qu’il lui a apportées, innovations dont la plus importante est sans doute l’ajout d’un second acteur alors que jusque là un seul protagoniste dialoguait avec le chœur. Son œuvre - ou du moins le peu que nous en connaissons, sept pièces à peine sur les 90 que lui prête la tradition – n’a pas cessé d’influencer et de nourrir toute la création théâtrale occidentale. Et pourtant, elle ne peut que surprendre le lecteur d’aujourd’hui, tout prévenu qu’il soit par la préface d’Emile Chambry, traducteur et maître d’œuvre de cette édition, ou encore par l’essai qu’Ismail Kadaré a consacré au dramaturge grec, “Eschyle ou l’éternel perdant”. Car cette œuvre se révèle à la fois étonnament statique – l’action ne prend pas place sur la scène qui n’en accueille jamais que le récit a posteriori – et profondément émouvante, toute sa puissance dramatique se concentrant dans l’expression des sentiments suscités par l’action qui se déroule hors champ.

Ce volume publié aux éditions GF-Flammarion reprend les sept pièces conservées d’Eschyle.

  • “Les suppliantes”, qui nous est parvenue dans un état très fragmentaire, et qui évoque le destin des cinquante filles de Danaos, bien déterminées à échapper à un mariage avec leur cinquante cousins, fils de leur oncle Egyptos.
  • “Les Perses” retraçant la déroute de l’armée de Xerxès à Salamine, et ses conséquences pour l’empire perse, privé en quelques heures de la fleur de sa jeunesse.
  • “Les sept contre Thèbes” nous conte la lutte fratricide des deux fils d’Œdipe et de Jocaste, Etéocle et Polynice, et se referme sur la mort des deux frères alors que leur sœur Antigone vient de prendre la décision d’ensevelir Polynice dans le respect des rites, malgré l’interdiction de leur oncle Créon.
  • “Prométhée enchaîné”, qui se penche sur le sort du premier rebelle, enchaîné sur un rocher où un aigle vient chaque jour lui dévorer le foie, s’ouvre sur une scène étonnante où l’on voit Héphaistos, le dieu forgeron, pris de pitié pour le titan qu’il doit laisser entravé dans ce lieu désolé et abandonné de tous…
  • Enfin, l’ensemble est complété par les trois pièces de l’Orestie, la seule des trilogies dramatiques d’Eschyle qui nous soit parvenue dans son intégralité, déroulant le cycle des vengeances qui suivit le sacrifice par le roi de Mycènes de sa fille aînée Iphignénie, au début de la guerre de Troie, en passant par le meurtre du roi par son épouse Clytemnestre (dans “Agamemnon”) puis par l’assassinat de cette dernière par leur fils Oreste (“Les Choéphores”) avant que l’intervention de la déesse Athéna, instituant un tribunal pour juger les crimes de sang, ne mette fin à la spirale de la violence (“Les Euménides”).

Si la traduction d’Emile Chambry, déjà ancienne, peut paraître ça et là quelque peu vieillotte, le théâtre d’Eschyle n’en conserve pas moins une fraîcheur et une force étonnante. Et la présente édition offre juste ce qu’il faut de notes pour nous permettre de l’apprécier pleinement.

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