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Dans mon chapeau...
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cinema
9 septembre 2010

Lumière blafarde sur la lagune vénitienne

51WRDWB3EJL__SL160_"San Clemente",
Documentaire de Raymond Depardon et Sophie Ristelhueber

Contant les destinées de deux frères dont la vie se trouve bouleversée par leur rencontre avec une adolescente évadée d'un hôpital psychiatrique, "La Meglio Gioventù" de Marco Tullio Giordana m'avait permis de me familiariser avec trente années de l'histoire italienne et notamment - une page parmi d'autres, mais qui pesait de tout son poids sur la vie des deux frères - avec la réforme en profondeur dont firent l'objet les institutions psychiatriques de ce pays dans les années 1970-1980. Et ce documentaire, filmé avec des moyens extrêmement réduits par Raymond Depardon et Sophie Ristelhueber en 1980 à San Clemente, petite île de la lagune vénitienne, m'y a replongé tout droit.

San Clemente accueillait depuis 1880 l'asile d'aliénés de Venise, mais au moment où Raymond Depardon et Sophie Ristelhueber décident d'y planter leur micro et leur caméra, les patients les moins atteints venaient d'être transférés vers un nouvel hôpital et un nouveau projet thérapeutique, à Venise même, ne laissant plus sur l'île que les cas les plus lourds et un personnel médical parfois fraîchement engagé et dont la bonne volonté n'a d'égal que la totale impuissance à "soigner" - de quelque façon que ce soit - des malades partis bien trop loin dans leurs mondes intérieurs et depuis bien trop longtemps. Malgré les efforts visibles du personnel et des familles, malgré les changements en cours et malgré la poésie brumeuse qui se dégage de certaines images, "San Clemente" a quelque chose de désespérant. Beau. Mais désespérant.

"San Clemente" était projeté au cinéma Arenberg dans le cadre du festival Ecran total, l'événement incontournable des étés bruxellois.

Article dans Les Inrockuptibles

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29 août 2010

La folie de Roy

MV5BMTI4MzA4NDA1Ml5BMl5BanBnXkFtZTcwMTgxMjA0MQ____V1__SX99_SY140_"Le salon de musique" de Satyajit Ray,
avec Chhabi Biswas, Padma Devi et Gangapada Basu

Le Seigneur Roy est l'héritier d'une vieille famille de l'aristocratie bengalie à la fortune chancelante, l'un de ces nombreux roitelets indiens que le gouvernement britannique a privés de tout véritable pouvoir. La musique est sa seule vraie passion, et c'est une passion d'autant plus coûteuse que Roy se voit entraîné dans une compétition acharnée avec l'un de ses voisins, nouveau riche et parvenu, dont il tient toujours à surpasser les fêtes et les libéralités envers les musiciens...

Peinture de la rivalité sociale entre l'ancienne classe dominante et celle qui est sur le point de la supplanter, "Le salon de musique" est aussi - et même avant tout - un drame remarquable de pureté et de simplicité: le drame d'une passion destructrice. Car par amour pour la musique, Roy perdra tout: sa fortune, son épouse et son fils. Et lorsque les bougies du grand lustre du salon de musique s'éteignent pour la dernière fois, il ne lui reste plus d'alternative à la folie et à la mort, en une scène finale à laquelle Chhabi Biswas prête une extraordinaire intensité, qui n'eut pas déparé dans le rôle du Roi Lear et qui explique sans doute, au moins dans une certaine mesure, l'admiration sans borne qu'Akira Kurosawa - autre grand shakespearien devant l'éternel - vouait à Satyajit Ray.

"Le salon de musique" était présenté au cinéma Arenberg dans le cadre du festival Ecran total, le rendez-vous cinéma incontournable des étés bruxellois! 

1 juillet 2010

"L'auberge anglaise"

19347088_jpg_r_160_214_b_1_CFD7E1_f_jpg_q_x_20100319_023928"Unmade beds (London nights)" d'Alexis Dos Santos,
avec Déborah François et Fernando Tielve

Jeune cinéaste argentin installé à Londres, Alexis Dos Santos nous propose avec "Unmade beds" sa version toute personnelle - et beaucoup plus thrash - de l'auberge espagnole. Point de petit appartement propret mais un squat dans un ancien entrepôt. Point d'étudiants bobos sur les bords, aux plans de carrière bien tracés, mais des jeunes gens un peu paumés qui, comme Axl ou Véra, se cherchent un but, un père, un ami ou un amour, et qui, en attendant de les trouver, vivotent de petits boulots et sont prêts à tout - ou presque tout - expérimenter.

Ce scénario ne va pas sans longueur, ni une minceur qui confine par moments à l'inexistence. Mais la sincérité de l'auteur et de ses interprètes,- Déborah François et Fernando Tielve en tête - sauve finalement la mise de ce petit film brouillon, ébouriffé, imprévisible... et attachant, tout simplement.

19 juin 2010

Toute la vie d'une arrière-cour

MV5BNTE4MzAwMDM4MF5BMl5BanBnXkFtZTcwMjk1NzUxMQ____V1__SX99_SY140_"Fenêtre sur cour" d'Alfred Hitchcock,
avec James Stewart, Grace Kelly et Thelma Ritter

Immobilisé dans son minuscule appartement new yorkais par une jambe dans le plâtre, L.B. Jeffries, un photoreporter du genre baroudeur (incarné par James Stewart), se voit réduit à tuer le temps en observant les allées et venues de ses voisins. Intrigué par des mouvements inhabituels, il en vient à soupçonner l'un de ceux-ci d'avoir assassiné sa femme, puis de s'être débarrassé du corps.

Comme toujours, s'agissant d'un film d'Alfred Hichtcock, il serait dommage de trop parler de l'intrigue et de son enquête policière - impeccablement réglée, cela va de soi. Et du reste, "Fenêtre sur cour" est bien plus qu'un excellent film à suspense auquel on resterait scotché par le simple désir de connaître la fin de l'histoire. C'est bien sûr l'un des tout grands films d'Alfred Hitchcock qui y laisse libre cours à toute sa virtuosité dans l'art de l'omission - son art incomparable de manipuler le spectateur par ce qu'il ne lui montre pas... C'est tout autant une réflexion sur le voyeurisme auquel Jeffries n'est d'ailleurs pas le seul à se livrer, car sa petite amie Lisa (Grace Kelly) ou son infirmière (une savoureuse Thelma Ritter) se laissent elles aussi prendre au jeu, se prenant d'un intérêt passionné pour la vie grouillante de cette petite arrière-cour. Et il faut bien avouer que c'est à tout ce petit monde, aux peines de coeur de miss Lonelyheart ou à celles du compositeur qui occupe le studio d'artiste juste sous les toits, au remuant petit chien du couple du deuxième étage ou aux chorégraphies impromptues de miss Torso, que "Fenêtre sur cour" emprunte une bonne part de son intérêt inépuisable. Un film à voir et revoir sans modération!

D'autres films d'Alfred Hitchcock, dans mon chapeau: "Les amants du capricorne", "Correspondant 17", "Mr and Mrs Smith", "Pas de printemps pour Marnie", "Sabotage", "Soupçons" et "Les trente-neuf marches"

11 juin 2010

Rock'n roll et rose bonbon

18612765"Marie-Antoinette" de Sofia Coppola,
avec Kirsten Dunst et Jason Schwartzman

Déjà diffusé sur Canvas (télévision belge flamande) il y a de cela quelques semaines, le dernier film en date de Sofia Coppola est à nouveau programmé ce vendredi (11 juin) sur La deux-RTBF et ce dimanche (13 juin) sur France 3. Mais comment dire? Présenté comme l'adaptation de l'ouvrage consacré à la reine Marie-Antoinette par la biographe britannique Antonia Fraser, le "Marie-Antoinette" de Sofia Coppola s'apparente bien plus à une soupe-opéra rock'n roll et rose bonbon qu'à une biographie filmée en bonne et due forme à l'instar de ce que Saul Dibb avait réalisé avec "The Duchess".

Au long d'un interminable défilé de costumes somptueux, de froufrous, de dentelles et de perruques poudrées plus extravagantes les unes que les autres, les acteurs engagés pour ressusciter le Versailles des années 1770 à 1789 s'agitent à qui mieux mieux sur un fond sonore de musique rock alternative où quelques éclats des oeuvres de Rameau ou de Vivaldi semblent s'être irrémédiablement perdus. Les grandes comédies musicales sauce Broadway ne sont pas très loin, l'émotion en moins car d'émotion, non, vraiment, je n'en ai pas ressenti le plus petit frisson en dépit des efforts - vains il faut bien le dire - de Kirsten Dunst pour nous restituer les chagrins et les frustrations d'une jeune femme qui, si elle a beaucoup cherché à s'étourdir, fut au fond plutôt malheureuse.

Bref, autant j'ai apprécié "The Virgin suicides" et surtout "Lost in translation" (que j'ai  pris plaisir à revoir à plusieurs reprises), autant ce "Marie-Antoinette" noyé de crème et de sucre glace me semble décidément très dispensable... Alors, pourquoi ne pas plutôt passer la soirée en compagnie d'un bon livre?

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9 juin 2010

Une chronique familiale intimiste, sur fond de blessures de guerre

51SPZG1FT8L__SL500_AA300_"Rhapsodie en août" d'Akira Kurosawa,
avec Sachiko Murase, Hisashi Igawa et Richard Gere

En adaptant assez librement "Le Chaudron" de Kiyoko Murata, Akira Kurosawa délaisse quelque peu le questionnement sur les héritages familiaux, les lois de l'hérédité et les fameux petits pois de Gregor Johan Mendel au coeur de ce très beau texte, pour inscrire cette jolie chronique familiale sur la toile de fond douloureuse de la deuxième guerre mondiale et du bombardement de Nagasaki.

Grand-mère Kane a accueilli ses petits-enfants pendant leurs vacances d'été, tandis que leurs parents sont partis à Hawaï rendre visite à l'oncle Suzujiro, un frère aîné de Kane qui avait émigré là-bas avant la guerre. A l'article de la mort, Suzujiro souhaite renouer avec la dernière survivante de sa famille restée au Japon, sans savoir que sa jeune soeur avait  perdu son mari à Nagasaki en ce funeste jour du 9 août 1945... Avec "Rhapsodie en août", Akira Kurosawa nous offre donc tout à la fois une chronique intimiste, teintée de douceur et de mélancolie, annonçant le très beau "Madadayo" qui verra le jour deux ans plus tard, et un long poème célébrant la réconciliation d'une famille par-delà les blessures de la guerre, une réconciliation symbolisée par la visite que Clark, le fils de Suzujiro et neveu d'Amérique, ici incarné par Richard Gere, rendra finalement à sa tante Kane. C'est un film tout de fraîcheur, de spontanéité. Pudique. Touchant. Et beau, finalement, sans ostentation...

Un autre film d'Akira Kurosawa, dans mon chapeau:  "Les sept samouraïs"

2 juin 2010

Un film de genre, et selon toutes les règles de l'art.

200px_Ghostwriterlarge"The Ghost Writer" de Roman Polanski,
avec Ewan McGregor et Pierce Brosnan

On ne présente plus le dernier film en date de Roman Polanski, thriller politique que la réalité est venue rattraper au tournant. Et je pense d'ailleurs qu'il ne faut surtout pas trop en dire au sujet d'une intrigue impeccablement ficelée, et dont les rebondissements constituent les principales surprises d'un film qui pour le reste respecte à la lettre les règles du genre. Tant et si bien qu'on s'y sent toujours bien installés, en terrain familier en somme, et cela malgré les retournements du scénario.

"The Ghost Writer" ne bouleversera certes pas le cinéma contemporain, la façon d'en faire pas plus que la façon de le regarder, mais il est si parfaitement réalisé et interprété par d'excellents acteurs, tous irréprochables - Ewan McGregor en tête dans le rôle de l'enquêteur ingénu où l'on s'était peut-être trop habitué à retrouver Matt Damon, et Pierce Brosnan bien sûr, à qui le costume du politicien charismatique mais pas tout à fait net convient comme un gant - , qu'on aurait bien tort de bouder son plaisir!

"The Ghost Writer" fait l'objet d'une fiche très détaillée (voire même un peu trop) sur wikipedia [en Anglais].

22 avril 2010

Une phénoménale bande d'idiots

18991610_jpg_r_160_214_b_1_CFD7E1_f_jpg_q_x_20080929_061536"Burn after reading" d'Ethan et Joel Coen,
avec Frances McDormand, Tilda Swinton, John Malkovitch, Brad Pitt, George Clooney et Richard Jenkins

La réussite totale qu'est le dernier opus en date des frères Coen - "A serious man" - m'a donné l'envie de partir à la découverte de quelques uns de leurs films précédents, que j'avais pour une raison ou une autre zappés lors de leur sortie en salles. En commençant par ce très savoureux cru 2008: "Burn after reading".

Burn_after_reading

Voilà un film qui défie toute tentative de résumé - le mieux pour donner une très vague idée de son argument est encore de copier-coller le petit schéma qui illustre le dos du boîtier du DVD - mais qui nous offre de passer une heure et demie en compagnie d'une phénoménale bande d'idiots dont l'invraisemblable accumulation de bêtises est tout à fait jouissive. L'ensemble du casting est bien sûr impeccable, y compris Brad Pitt dans un rôle en or qui lui convient bien mieux que celui d'un héros grec en sandales et jupette. Mais surtout, surtout, "Burn after reading" ne serait sans doute pas si réussi si une vraie mélancolie ne pointait pas sous son vitriol, et si sa bande d'idiots, au fond tous très seuls et plutôt malheureux, n'étaient pas aussi, et presque malgré eux, profondément touchants.

D'autres films d'Ethan et Joel Coen, dans mon chapeau: "Intolérable cruauté", "A serious man" et "O'Brother, Where Art Thou?"

16 avril 2010

Un film total

affiche_jpg_r_160_214_b_1_CFD7E1_f_jpg_q_x_20021210_030144"Les sept samouraïs" d'Akira Kurosawa,
avec Toshirô Mifune

L'enthousiasme obsessionnel de Ludo et Sibylla, héros du "dernier samouraï" d'Helen Dewitt, pour ce film qu'ils se repassent en boucle, du début à la fin ou par morceaux, dans l'ordre ou dans le désordre, avait rendu cela inéluctable: je me devais de découvrir "Les sept samouraïs" et grâce au cycle "films de samouraïs" proposé récemment sur Arte, c'est à présent chose faite. Et ma foi, je peux comprendre l'admiration de Sibylla pour ce film et son idée un peu biscornue de proposer ses sept héros à son fiston comme figures paternelles de remplacement, car les valeurs et le code éthique qu'ils incarnent - sans tomber dans les bons sentiments ni dans la morale à deux sous - les prédisposent à l'évidence pour ce rôle.

Mais c'est bien loin d'épuiser tout ce qu'il y a à dire de ce qui s'impose comme un des tout grands films d'Akira Kurosawa. Car "Les sept samouraïs" est avant tout un film total à l'image des pièces de Shakespeare que le réalisateur japonais admirait tant et qu'il a d'ailleurs portées à plusieurs reprises au grand écran: tout à la fois un film contemplatif et un film d'action, un film de guerre et un film d'amour, un drame et une comédie. Bref, un indispensable à voir et à revoir, oui, à l'exemple de Ludo et Sibylla.

Un autre film d'Akira Kurosawa, dans mon chapeau: "Rhapsodie en août"

10 avril 2010

Pour la liberté de la presse

18460477_jpg_r_160_214_b_1_CFD7E1_f_jpg_q_x_20051124_030549"Good night, and good luck" de George Clooney,
avec David Strathairn, Robert Downey Jr et George Clooney

"Good night, and good luck", telle était la formule par laquelle Edward R. Murrow, journaliste vedette de la CBS terminait son émission documentaire "See it now", un programme dans lequel il s'attaqua aux méthodes - à tout le moins anti-démocratiques - utilisées par la commission présidée par le sénateur Joseph McCarthy dans sa "chasse aux sorcières" communistes. La préparation de cette émission diffusée en mars 1954, et les événements qui en découlèrent, sont au coeur de ce film réalisé par George Clooney en 2005, où ils servent de prétexte à une réflexion à peine voilée sur sur la liberté de la presse et sur le rôle des médias et tout particulièrement de la télévision dans nos sociétés, comme outils d'information ou de divertissement.

On aurait pu souhaiter une démonstration un tantinet moins explicite et appuyée, laissant un petit peu plus d'espace à l'interprétation du film par le spectateur. Mais même si "Good night, and good luck" nous met très (trop ?) carrément les points sur les "i", ce film n'en séduit pas moins par ses partis pris esthétiques affirmés, mêlant à des images d'archives du sénateur McCarthy des séquences modernes tournées elles aussi en noir et blanc, de façon très soignée, et à une bande-son jazzy proprement irrésistible. Et puis, il faut bien reconnaître que ce film, sorti en pleine présidence Bush Jr, était sacrément culotté et terriblement pertinent. Et surtout qu'il reste toujours pertinent aujourd'hui!

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