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Dans mon chapeau...
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cinema
23 août 2009

Un mélodrame tragique et flamboyant

19085843"Etreintes brisées" de Pedro Almodovar,
avec Penélope Cruz, Blanca Portillo et Lluis Holmar

Pedro Almodovar a toujours manifesté un penchant certain pour le mélodrame, mais il lui a rarement laissé aussi libre cours que dans son dernier film en date: ces "Etreintes brisées" flamboyantes et essentiellement tragiques, qui se veulent autant un hommage au septième art que le récit de l'amour d'un réalisateur pour son actrice principale.

L'humour, si souvent présent en filigrane dans le cinéma de Pedro Almodovar, se voit ici cantonné dans les scènes de tournage (où l'on reconnaîtra d'ailleurs de larges extraits du troisième film du réalisateur espagnol: "Femmes au bord de la crise de nerf") pour laisser le champ complètement libre au récit d'une passion tragique dont on découvre d'entrée l'ampleur des ravages qu'elle a causés, la narration passant ensuite continuellement du présent au passé, avec une virtuosité qui a le bon goût de se faire oublier. C'est un très bon cru de Pedro Almodovar, même s'il s'y révèle plus sombre qu'à l'accoutumée...

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18 août 2009

Elégie pour une cité disparue

19041243_w434_h_q80"Of time and the city" de Terence Davies
(documentaire)

Après deux premiers longs métrages remarqués, "Distant voices, still lives" et "Long day closes", où il évoquait déjà la Liverpool ouvrière de son enfance, Terence Davies s'était quelque peu éloigné de sa ville natale en portant à l'écran les livres de deux auteurs américains. Et si son adaptation de "La bible de néon" de John Kennedy Toole était à bien des égards un film touchant, "The House of Mirth" (en V.F.: "Chez les heureux du monde"), d'après le roman d'Edith Wharton, s'est vu littéralement sabordé par une monumentale erreur de casting - Gillian Anderson incarnant Lily Bart avec toute la souplesse et la sensibilité d'un manche de brosse.

Son nouveau film, "Of time and the city", marque donc son retour à ses premières amours: la famille, la musique - Mozart, Mahler... mais pas les Beatles qui ne font qu'une apparition-éclair. Et bien sûr Liverpool dont il nous offre ici un portrait intimiste en forme d'élégie pour les quartiers ouvriers pauvres mais chaleureux de l'immédiat après-guerre qui ont depuis lors cédé la place à de sinistres tours HLM... Ce sont cinquante années de la vie d'une ville retracées avec un art consommé du collage dont surgit une vision totalement originale et personnelle, à l'instar de ce qu'avait fait Hélène Frappat dans son récit "Sous réserve": collage d'images d'archives et de prises de vue contemporaines, collage aussi des mots de Terence Davies et de ceux des poètes, T.S. Eliot, Emily Dickinson, James Joyce ou Anton Tchékhov... Le ton se fait tour à tour caustique, tendre ou mélancolique sans pourtant jamais sombrer dans la sinistrose. Car ce film-hommage à une cité disparue est aussi traversé, continuellement, par les silhouettes de bambins sommeillant dans leurs poussettes ou trottinant d'un pas encore mal assuré. Car "Of time and the city" est aussi le portrait d'une ville dont l'avenir reste à écrire...

C'est un film comme aucun autre. Un film que nul autre que Terence Davies n'aurait pu réaliser. Et c'est, aux côtés de "Two lovers" de James Gray, un des plus beaux films de l'année. Il n'est pas du tout distribué comme il le mériterait. Mais ne le ratez pas s'il passe près de chez vous!

Le site officiel du film

Et le site de l'écran total, où "Of time and the city" était présenté dans le cadre du cycle "documentaires".

7 août 2009

Temps de crise

afte"La messa è finita" de Nanni Moretti,
avec Enrica Maria Modugno, Marco Messeri et Nanni Moretti

Retour à l'écran total * et à son cycle "20 ans, 20 réalisateurs" qui nous ramène cette fois à l'année 1985 en compagnie de Nanni Moretti. On retrouve ici le réalisateur italien en même temps devant et derrière la caméra, selon son habitude, pour ce qui est sans doute un de ses plus beaux films: âpre et lumineux, triste, amer et pourtant drôle.

Enfilant la soutane d'un jeune prêtre rappelé à Rome, sa ville natale, après quelques années passées à veiller sur une petite paroisse bien tranquille, Nanni Moretti nous offre un très beau portrait, non pas d'un homme en proie à une crise de vocation - ce n'est pas de cela qu'il s'agit ici -, mais bien plutôt d'une société en perte de repères. Car en rentrant chez lui, Don Giulio (re)découvre ses proches en pleine crise. Son père vient de décider de quitter la maison familiale pour refaire sa vie avec une femme plus jeune, en fait une amie de sa fille qui, elle, vient de se mettre en tête d'avorter et de rompre avec son petit ami. Du côté des amis d'enfance, ce n'est guère plus brillant: l'un, dépressif, ne sort plus de sa maison où il refuse presque toute visite, l'autre est en proie à toute l'exaltation d'une conversion religieuse pour le moins suspecte, et un troisième, soupçonné d'appartenir à une organisation terroriste, est en prison... Et en un mot comme en cent, Don Giulio se trouve très vite débordé par cette situation, ne sachant comment aider tout ce petit monde qui, d'ailleurs, ne veut pas de ses bons offices!

"La messa è finita" est une comédie, certes. Elle nous fait souvent venir le sourire aux lèvres, par son sens du rythme et par de subtils téléscopages. Mais c'est surtout un film intemporel, douloureux et sensible, qui mérite largement d'être (re)découvert.

* Non, pas la crème solaire! Pour plus d'explications, c'est ici.

27 juillet 2009

La bande à Robert

033575"A la vie, à la mort!" de Robert Guédiguian,
avec Ariane Ascaride, Jean-Pierre Daroussin, Jacques Gamblin et Gérard Meillan

Avec l'arrivée des belles journées d'été, c'est réglé comme du papier à musique, la saison théâtrale se termine et les programmes TV se désertifient. Mais heureusement, l'été c'est aussi la saison de l'écran total. Non, pas la crème solaire. Mais le festival de cinéma, organisé par l'Arenberg-Galeries et qui en vingt ans s'est imposé comme une véritable institution bruxelloise. Des derniers jours de juin aux premiers jours de septembre, l'Arenberg nous propose une programmation aussi diverse que passionnante, mêlant classiques (Losey, Hitchcock, Satyajit Ray, Ingmar Bergman...), inédits (avec un coup de projecteur sur les films sélectionnés pour la Quinzaine des réalisateurs au dernier festival de Cannes), documentaires et quelques reprises de l'année écoulée (le très beau film de James Gray "Two lovers" que je ne pourrais trop vous recommander).

C'est à ce festival que je dois sans doute quelques unes des plus belles découvertes cinématographiques de mon adolescence: celles qui m'ont fait aimer le cinéma, "L'eclisse", "Les fraises sauvages", "La soif du mal", "Kes" mais aussi des chefs-d'oeuvre inconnus tels "The shade" de Raphaël Nadjeri... Et cette année, vingtième anniversaire oblige, une section supplémentaire a été ajoutée au programme. "Vingt ans, vingt réalisateurs" retraçant vingt ans de cinéma à travers vingt films. Et pour l'année 1995: "A la vie à la mort!", sixième film et premier vrai succès public où Robert Guédiguian retrouve, une fois de plus, son quartier de l'Estaque et sa bande de fidèles. Ariane Ascaride, Jean-Pierre Daroussin et Gérard Meillan, ici renforcé par Jacques Gamblin infiniment vulnérable et touchant, donnent chair à un groupe d'amis gravitant autour du cabaret du Perroquet bleu, dont l'enseigne de néon jette ses derniers feux. Tous sont aux prises avec le chômage et les fins de mois difficiles, mais font face avec une solidarité indéfectible et cet optimisme délibéré qui relève de la combativité. Comme souvent chez Guédiguian, "A la vie, à la mort!" hésite entre la douceur de vivre et l'amertume qui, ici, l'emporte dans les dernières images. C'est véritablement poignant...

A lire, sur la toile, un article consacré à "A la vie, à la mort!".

Et pour le programme complet de l'écran total et toutes les informations pratiques, c'est ici.

16 juillet 2009

Nonagénaires en goguette

19056835"Le déjeuner du 15 août (Pranzo Di Ferragosto)" de Gianni di Gregorio,
avec Gianni di Gregorio, Luigi Marchetti, Valeria di Franciscis, Maria Cali, Marina Cacciotti et Grazia Cesarini Sforza

Rome, au milieu du mois d'août, c'est le désert. Tous les habitants qui le peuvent sont partis, laissant le champ libre aux touristes que l'on reconnait très facilement: sont tout blancs, lavés à l'eau de javel! Mais Gianni, lui, est resté pour prendre soin de sa maman, fringante (enfin, plus ou moins!) nonagénaire. Et en fait, il y a des années que ça dure, que Gianni ne travaille plus, que l'argent ne rentre pas et que les dettes s'accumulent notamment vis-à-vis de la co-propriété de l'immeuble qui les menace d'expulsion. Autant donc dire tout de suite que Gianni n'a pas le choix lorsque le gérant de l'immeuble lui propose de prendre en pension sa maman elle aussi nonagénaire, en échange de l'effacement d'une bonne part de son ardoise pharaonique! Et de fil en aiguille, ce n'est pas de deux mais bien de quatre petites dames aussi pétillantes de vie qu'elles ne sont accablées de rhumatismes que Gianni devra prendre soin avec la complicité de son ami le Viking.

Ces dames - faut-il le dire - lui en feront voir de toutes les couleurs: la première se relevant la nuit pour dévorer en catamini le restant des pasta al forno, pendant qu'une autre fait le mur pour se fumer tranquillement une cigarette à la fête du quartier. On ne s'ennuie pas une minute au récit de cette co-habitation d'abord un peu forcée puis de plus en plus chaleureuse, et ce "déjeuner du 15 août" s'impose d'un bout à l'autre comme un festin sans prétention mais tout à fait savoureux!

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4 juillet 2009

Retrouvailles familiales

19062293"Still walking" de Hirokazu Kore-Eda,
avec Hiroshi Abe, Yoshio Harada et Kirin Kiki

Le précédent opus de Hirokazu Kore-Eda - le très bon "Nobody Knows" - est  avant tout resté dans ma mémoire comme l'un des films les plus littéralement plombants qu'il m'ait jamais été donné de voir. Et je ne pouvais sans doute pas imaginer de contraste plus frappant qu'entre ce film et la dernière oeuvre en date du réalisateur japonais. Car "Still walking" est un vrai petit moment de bonheur cinématographique, d'une grande douceur même si l'ombre n'en est pas absente.

Comme chaque année, à la même époque depuis quinze ans, la famille Yokohama s'est réunie pour commémorer la mort accidentelle du fils aîné. C'est l'occasion de resserrer les liens familiaux, affaiblis par la distance, mais aussi de laisser affleurer - oh, à peine - les vieilles rancoeurs, car le jeune frère et la soeur du disparu n'ont pas oublié que celui-ci était sans conteste le fils préféré... Hirokazu Kore-Eda a déployé une infinie délicatesse et une grande finesse d'observation pour nous restituer les relations entre les membres de cette famille, à la fois unie et divisée - une famille au fond comme  beaucoup d'autres -, tout au long de cette belle journée d'été. Et le résultat est un bijou que vous auriez bien tort de bouder!

30 juin 2009

Un pastiche plutôt réussi

18675043"The Good German" de Steven Soderbergh,
avec Cate Blanchett, George Clooney et Tobey Maguire

Steven Soderbergh a décidément la patte pour réaliser des films alliant en un juste dosage une histoire prenante et une vraie recherche formelle. Bref, c'est un maître ès cinéma populaire de qualité, et il le prouve une fois de plus avec ce film sorti en 2006 mais que je viens tout juste de découvrir à l'occasion de sa diffusion sur la RTBF, la semaine dernière.

A l'été 1945, la guerre se poursuit encore dans le Pacifique, mais l'Allemagne a capitulé et Berlin est désormais divisée en quatre zones d'occupation. Ce sont les grands jours du marché noir où les fortunes se font et se défont. Et c'est le temps des premiers procès en dénazification. Dans le rôle d'un journaliste américain, George Clooney retrouve ainsi une ville - où il avait vécu avant la guerre - complètement métamorphosée, tout comme Lena Brandt qu'il avait aimé en ces années qui paraissent à présent si lointaines.

Filmé en noir et blanc, "The Good German" s'ouvre comme un polar et se termine comme un film d'espionnage où des secrets d'état peu reluisants prêtent corps à un sentiment de culpabilité à la fois individuel et collectif, Steven Soderbergh nous offrant avec ce film un pastiche plutôt réussi des grands films noirs des années 1940, tel "Le troisième homme" de Carol Reed. Cela ne renouvelle certes pas un genre qui a fourni son lot de chefs-d'oeuvre, mais c'est vraiment un très bon moment de cinéma.

19 juin 2009

Une lente montée des émotions

19086684"London River" de Rachid Bouchareb,
avec Brenda Blethyn et Sotigui Kouyaté

Elisabeth, agricultrice à Guernesey, et Ousmane, qui a quitté son Afrique natale pour se fixer en France où il est devenu garde forestier - la première chrétienne, le second musulman -, sont sans nouvelle de leurs enfants, installés à Londres, depuis le matin du 7 juillet 2005 et les attentats qui ont ensanglanté la capitale britannique.

Au fil de leurs errances inquiètes dans la ville endeuillée, leurs chemins se croisent et se recroisent à plusieurs reprises. Et petit à petit, ces deux êtres apeurés - chacun pour des raisons complexes, qui sont un peu différentes mais aussi un peu les mêmes - en viennent à s'apprivoiser. La rencontre l'emporte ainsi sur la peur de l'autre dans ce film sobre, presque serein par moments mais finalement déchirant, les émotions y montant lentement, et comme à retardement, pour ne prendre que plus de force.

Vu il y a peu de temps encore au cinéma, et déjà diffusé sur Arte ce mardi soir, "London River" est de ces films qui s'imposent discrètement mais durablement, fixant sur la pellicule l'esprit d'un temps troublé - temps de douleur et plus encore temps marqué par la peur - d'un regard humaniste sans aucune naïveté. Bien loin de l'hystérie d'une bande-annonce à mon sens complètement ratée, c'est simplement poignant. Et surtout, surtout: d'une justesse parfaite et par là-même inoubliable.

10 juin 2009

Du foot, des heures de prière et de longs trajets en bus...

19056189"Une famille brésilienne (Linha de passe)" de Walter Salles,
avec Sandra Corveloni et Vinicius de Oliveira

Cleusa vit dans une banlieue pauvre de Sao Paulo. Elle gagne son pain et celui de ses quatre gamins (qui n'ont pas tous le même père) en faisant des ménages, dans le noir le plus complet - fiscalement s'entend -, et sans la moindre couverture sociale, laquelle serait pourtant bienvenue maintenant qu'elle attend un cinquième enfant (dont le père, une fois de plus, a disparu du paysage). C'est donc la vie d'une famille brésilienne qui arrive de justesse à garder la tête hors de l'eau que Walter Salles nous raconte dans ce film où il retrouve Vinicius de Oliveira (qui incarnait le héros de son premier film, "Central do Brazil"), et où il donne aussi sa chance à une actrice débutante, Sandra Corveloni qui tient tout en sobriété le rôle de Cleusa (et qui s'est vue d'entrée de jeu récompensée par un prix d'interprétation au festival de Cannes en 2008).

C'est un film sans esbrouffe ni effet de manche pour des histoires de vies ordinaires, celles d'une femme et de ses quatre fils qui tentent chacun à leur manière de se construire un nid, ou un parcours. Dans la délinquance, la religion, le foot ou dans le sentiment de puissance et de liberté que l'on peut trouver au volant d'un de ses gros autobus qui sillonnent la mégapole de Sao Paulo, son traffic démentiel et ses kilomètres de bouchons... Et c'est bien là que Walter Salles nous invite à suivre ses personnages: à l'église, dans le bus ou au stade pour de très longs moments. Tant et si bien que pour apprécier pleinement cette histoire d'une "famille brésilienne", il vaut mieux vraiment aimer le foot. Ou s'armer d'un peu de patience, et tenter de conserver toute son attention pour ce qui fait de "Linha de passe" une oeuvre originale et un véritable film d'auteur: un vrai point de vue (social, esthétique...) qui tour à tour intrigue, irrite ou émeut, ennuie un peu, à la rigueur, mais ne laisse en aucun cas indifférent.

1 juin 2009

Un vaudeville qui aurait oublié d'être comique

3530941028964"L'attente des femmes" d'Ingmar Bergman,
avec Maj-Britt Nilsson, Eva Dahlbeck, Anita Bjork et Aino Taube

Une villa de plaisance au bord de l'eau, par un clair été suédois, quatre femmes attendent leurs maris - et une  cinquième, leur benjamine, son fiancé -, qui doivent arriver par le bateau de nuit, en provenance de Stockholm. Et pendant les longues et tranquilles heures d'attente, une fois les enfants couchés, ces cinq femmes partagent en confidence leurs attentes, leurs chagrins, leurs bonheurs et leurs déceptions, le temps d'autant de flash-back.

Premier succès d'Ingmar Bergman (en 1952), hésitant entre l'humour et la gravité, "L'attente des femmes" prend les allures d'un vaudeville qui aurait oublié d'être comique. Abordant ici quelques uns de ses thèmes récurrents - les relations conjugales et familiales avec leur cortège de tensions, frustrations et trahisons, mais aussi le poids des apparences qu'il faut préserver soigneusement -, Ingmar Bergman est pourtant bien loin d'atteindre avec ce film, irréprochable à tout point de vue, à l'intensité de certaines de ses oeuvres plus tardives: en bref, c'est intéressant mais quelque peu longuet...

"L'attente des femmes" est disponible, à prix doux, dans un coffret de deux DVD de la série "Les films de ma vie", où il est couplé avec "Les fraises sauvages".

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