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Dans mon chapeau...
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20 février 2009

Crépusculaire et magnifique

18984917"Two lovers" de James Gray,
avec Joaquin Phoenix, Gwyneth Paltrow et Vinessa Shaw

Leonard (Joaquin Phoenix) est partagé entre la brune Sandra (Vinessa Shaw) que ses parents lui ont présentée, qui l'aime et qu'il aime vraiment bien, et la blonde Michelle (Gwyneth Paltrow) qu'il aime passionément-à-la-folie mais qui, elle, l'aime bien, tout simplement, et qui du reste n'est pas libre... Voilà un synopsis annonçant une énième variation sur le thème du triangle amoureux et de l'entre-les-deux-mon-coeur-balance, qui n'aurait sans doute pas suffi à me convaincre d'aller voir "Two lovers" si Hugues Dayez (RTBF) et Fernand Denis (La libre Belgique) ne s'étaient ligués pour lui consacrer des critiques enthousiastes... Je m'y suis donc risquée. Et quel bonheur que ce film!

Adaptant très librement un récit de Dostoïevski - "Les nuits blanches" - dont il transpose l'action à Brighton Beach, quartier populaire de New York, James Gray en propose une véritable relecture à l'égal de ce qu'avait fait Raphaël Nadjeri pour "La douce" (avec son film "The shade": très beau mais trop peu connu...). James Gray ressuscite ainsi avec une sensibilité et une intelligence rares les émotions à fleur de peau du héros de Dostoïevski. Bien loin du traintrain prévisible du mélo sentimental, "Two lovers" empoigne son spectateur dès les premières images - il faut dire que ça commence plutôt fort, et mal pour Leonard, par une tentative de suicide -, et ne le libère, le coeur aux bords des yeux, que bien après que le générique n'ait fini de défiler, sans que la tension se soit jamais relâchée dans l'intervalle.

Bien malin qui pourrait expliquer comment James Gray réussit à atteindre ce résultat, mais nul doute qu'il ait su tirer parti à merveille de toutes les facettes de son film, de la prise d'image à la bande-son (qui n'en fait pas des tonnes du côté des violons). Sans oublier les comédiens, Joaquin Phoenix en tête, qui jouent si juste que ce serait leur faire injure que de parler de leurs "performances"...

Mélancolique, tout entier baigné dans une lumière crépusculaire, "Two lovers" est surtout une méditation bouleversante sur la perte des illusions. Et, en un mot comme en cent, c'est un film magnifique.

Article de Fernand Denis, dans La libre Belgique, repris sur www.cinebel.be

Article dans The New York Times

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