Une chronique familiale intimiste, sur fond de blessures de guerre
"Rhapsodie en août" d'Akira Kurosawa,
avec Sachiko Murase, Hisashi Igawa et Richard Gere
En adaptant assez librement "Le Chaudron" de Kiyoko Murata, Akira Kurosawa délaisse quelque peu le questionnement sur les héritages familiaux, les lois de l'hérédité et les fameux petits pois de Gregor Johan Mendel au coeur de ce très beau texte, pour inscrire cette jolie chronique familiale sur la toile de fond douloureuse de la deuxième guerre mondiale et du bombardement de Nagasaki.
Grand-mère Kane a accueilli ses petits-enfants pendant leurs vacances d'été, tandis que leurs parents sont partis à Hawaï rendre visite à l'oncle Suzujiro, un frère aîné de Kane qui avait émigré là-bas avant la guerre. A l'article de la mort, Suzujiro souhaite renouer avec la dernière survivante de sa famille restée au Japon, sans savoir que sa jeune soeur avait perdu son mari à Nagasaki en ce funeste jour du 9 août 1945... Avec "Rhapsodie en août", Akira Kurosawa nous offre donc tout à la fois une chronique intimiste, teintée de douceur et de mélancolie, annonçant le très beau "Madadayo" qui verra le jour deux ans plus tard, et un long poème célébrant la réconciliation d'une famille par-delà les blessures de la guerre, une réconciliation symbolisée par la visite que Clark, le fils de Suzujiro et neveu d'Amérique, ici incarné par Richard Gere, rendra finalement à sa tante Kane. C'est un film tout de fraîcheur, de spontanéité. Pudique. Touchant. Et beau, finalement, sans ostentation...
Un autre film d'Akira Kurosawa, dans mon chapeau: "Les sept samouraïs"