Un bijou d'humour juif... et très très noir
"A serious man" d'Ethan et Joel Coen,
avec Michael Stuhlbarg, Sari Lennick et Fred Melamed
Dès le moment où sa femme lui a annoncé qu'elle voulait le quitter, et divorcer religieusement afin de se remarier dans la foi avec un de leurs amis, la vie de Larry Gopnik, professeur de Physique pas encore titularisé d'une petite université américaine, a viré au cauchemar, ou du moins s'est métamorphosée en une invraisemblable accumulation de déboires. Tous semblent s'être ligués pour lui empoisonner l'existence, et l'empêcher de se voir pour ce qu'il voudrait être, un pilier de sa communauté, "a serious man": sa femme et l'amant de cette dernière, bien sûr mais aussi ses enfants ou son frère, sans parler de l'étudiant qui tente de le soudoyer ou du corbeau qui envoie des lettres calomnieuses au comité chargé de décider de sa titularisation.
Mais pour savoureuses qu'elles soient les péripéties du dernier film des frères Coen comptent finalement moins que son ton, flegmatique et délicieusement absurde, et que son impeccable sens du rythme. Cela ne se décrit pas, se résume encore moins. Mais cette transposition dans une tranquille petite ville américaine des contes (pas si) moraux, fantastiques et un peu inquiétants du shtettle est tout simplement irrésistible. Un pur régal d'humour très très noir jusque dans ses toutes dernières images.
D'autres films d'Ethan et Joel Coen, dans mon chapeau: "Intolérable cruauté", "Burn after reading" et "O'Brother, Where Art Thou?"