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Dans mon chapeau...

Dans mon chapeau...
30 octobre 2008

La cathédrale de Porto

La cathédrale de Porto domine les ruelles de la vieille ville de toute la masse de ses deux tours carrées aux allures de fortitications. Sa façade austère ne laisse en rien soupçonner le caractère bucolique du décor d'azulejos du cloître*...

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La vieille ville de Porto, dominée par la cathédrale (Cliché Fée Carabine)

* Voir Azulejos (1), (2) et (3)

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28 octobre 2008

A la lumière d'Anna

"L'Ange incliné" de Pierre Mari41UL81vLd2L__SL160_AA115_
3 1/2 étoiles

Actes Sud, 2008, 223 pages, isbn 9782742777068

Universitaire à l’aube de la quarantaine, le narrateur de "L’Ange incliné" porte sur son travail et sur ses collègues un regard de plus en plus amer, désabusé, d’une totale intransigeance. Et sa famille n’est pas beaucoup plus gâtée. Le décès de son père l’année précédente a mis fin à un mariage qui tenait de la guerre froide. Sa sœur, souffrant d’une forme ou l’autre de troubles nerveux, est la plupart du temps hospitalisée. Et les visites qu’il rend de temps à autre à sa mère, dans la maison familiale de Saint-Asaphe, mènent à tous les coups à un moment difficile: "celui où [il] ne savai[t] plus quoi opposer à l'envie de faire le procès de [sa] mère." (p. 45) Le début du roman de Pierre Mari prend ainsi des allures de règlements de comptes, d’un long catalogue de récriminations en tous genres, amenant le narrateur à constater, au cours d’une conversation avec sa mère, qu’"une fois de plus, [il] s’étai[t] laissé entraîner par [sa] rancoeur." Et qu’il "aurai[t] voulu revenir en arrière, trouver autre chose à lui offrir." (p. 48)

Mais heureusement pour lui – et pour le lecteur – un double coup de foudre vient interrompre ces pages un peu aigres – trop ou pas assez pour mon goût. Coup de foudre amoureux lorsque notre homme, dans le train, noue conversation avec Anna, tombant complètement sous le charme de la jeune femme: "Mes questions chevauchaient ses réponses, je ne voulais rien approfondir, j'écoutais à peine jusqu'au bout. J'étais si curieux d'elle qu'une distraction souveraine parlait à ma place." (p. 84) Et un autre coup de foudre sous la forme d’un arc électrique mettant providentiellement la locomotive hors service, offrant ainsi aux deux jeunes gens quelques heures entre parenthèses. L’écriture de Pierre Mari se fait alors souple, vivante, chaleureuse et enfiévrée pour dire ce miracle improbable dans la vie de son narrateur: "un visage tout neuf, qui ne découlait pas de [sa] vie d'avant, que rien n'annonçait - un visage dont la moindre péripétie se tenait à la hauteur de [son] imagination." (p. 99)

Le narrateur comme Anna ont déjà d’autres attaches, et leur histoire d’amour sera dès lors tissée de moments volés. Des petits bonheurs comme on en a déjà vu mille fois mais auxquels Pierre Mari parvient pourtant à conférer une fougue juvénile et un air de nouveauté. Cette part de "L’Ange incliné" a infiniment de charme, mais elle ne prend pas complètement le pas sur les déboires et les aigreurs de la vie universitaire. Et le contraste entre ces deux faces du livre est si violent que j’ai eu l’impression de lire deux romans différents dont on aurait cousu les pièces, au petit bonheur la chance, en un livre unique en forme de patchwork. En fin de compte, j’ai refermé "L’Ange incliné" avec un sentiment partagé : séduite par une voix et un regard originaux, mais agacée par le volet universitaire de l’intrigue…

Extrait:

"Il aura fallu quelques minutes, en ce début d'après-midi, pour qu'à l'éclat du ciel succède une pénombre comme j'en avais rarement vu: un gris plombé, deux fronts de nuages découpés à l'extrême qui prenaient en tenaille une bande de lumière dorée. Le vent s'est mis à siffler à mes fenêtres. Quand je me suis penché dans la rue, le ciel moutonnant avait l'air à portée de main. Une femme qui s'aidait d'une béquille m'a demandé: Mais quelle heure est-il? A croire en effet que la nuit tombait. D'abord, un orage de grêle a éclaté. Bref, intense, il a un peu rafraîchi l'air. Puis un énorme nuage s'est détaché des autres: bleu sombre, avec sa proue noire très régulière, il concentrait toute l'imminence dont le ciel étai privé depuis longemps. La pluie l'a crevé d'un seul coup: de grosses gouttes serrées ont éclaté sur les pavés, suivies d'une cataracte qui a tout noyé." (pp. 181-182)

27 octobre 2008

Figures paternelles des échopes gazaouites

imagew"Pères", photographies de Taysir Batniji

A côté de sa programmation théâtrale et musicale, le Théâtre Royal de Namur s'est fait une habitude d'accueillir dans son amphithéâtre des expositions de photographies. En ce moment, et jusqu'au 7 novembre, c'est au photographe gazaouite Taysir Batniji que revient d'occuper cet espace avec une série de clichés d'échopes de sa ville natale réunies sous le titre de "Pères". Des images comme autant de mises en abyme puisque les figures paternelles y sont représentées par des photos accrochées aux murs de ces boutiques, et où le terme de "figure paternelle" doit d'ailleurs être compris au sens large, recouvrant aussi bien le père du patron actuel que des personnalités politiques ou spirituelles marquantes. Des images qui avaient été présentées dans l'émission "Cinquante degrés Nord" mais qui m'ont parues bien plus belles en réalité qu'au petit écran - très belles en fait, question de rendu des couleurs, et aussi peut-être du choix du format et du papier...

A travers ces photos de bidouillages électriques à donner des sueurs froides et de produits divers accumulés dans les rayonnages, c'est une image de la vie gazaouite inhabituelle pour nos yeux occidentaux qui nous est proposée: la vie justement, la vie tout simplement, quotidienne, ordinaire... Une découverte qui en vaut bien la peine!

Dans l'amphithéâtre du Théâtre Royal de Namur

Entrée libre les soirs de spectacle, et le samedi de 11h à 18h. Jusqu'au 7 novembre.

Cette exposition est proposée dans le cadre du festival "Masarat Palestine", tout comme le récital en hommage au poète Mahmoud Darwich déjà évoqué ici même.

Présentation de l'exposition sur le site du Théâtre Royal de Namur

26 octobre 2008

Dur, dur, d'être un superhéros... surtout à la retraite anticipée!

18391270"Les indestructibles" des studios Pixar,
sous la direction de Brad Bird

C'est réglé comme du papier à musique: qui dit "congés scolaires", dit programmation "familiale" sur nos petits écrans. Ces vacances d'automne n'échappent pas à la règle, qui voient débouler sur RTL-TVI (hier soir) puis sur TF1 (le 28 octobre), la production Pixar, cuvée 2004, à savoir "Les indestructibles".

En un mot comme en cent, cette histoire de deux superhéros - Mr Indestructible et Mme, alias miss Elastigirl - mis à la retraite anticipée et contraints de se fondre dans la masse anonyme, tout en élevant une progéniture elle aussi affublée de talents encombrants, est un gentil divertissement familial avec juste ce qu'il faut d'ironie pour ne pas être trop gentil... Ce n'est pas mon film préféré dans la production des studios Pixar, mais je me suis bien amusée en le revoyant hier soir. Avec une mention spéciale pour le personnage d'Edna et ses supercostumes que, promis-juré, je regarderai dorénavant d'un autre oeil :-)!

25 octobre 2008

"Nuit qui déborde du corps"

Jasmin sur les nuits de juillet. Chanson
Pour deux étrangers qui se rencontrent sur
une rue qui ne mène nulle part
Qui suis-je après ces deux yeux en amande?
Dit l'étranger
Qui suis-je après ton exil en moi? Dit l'étrangère
Prenons garde alors, à ne pas remuer le sel
des mers anciennes,
Dans un corps qui se souvient
Elle lui restituait son corps chaud
Et il lui restituait son corps chaud
Ainsi les deux amants étrangers laissent leurs
amours en désordre
Comme ils abandonnent leurs sous-vêtements
entre les fleurs des draps
- Si tu es vraiment mon aimé, compose un
Cantique des cantiques pour moi
Et grave mon nom sur la branche d'un
grenadier, dans les jardins de Babylone
- Si tu m'aimes vraiment, place mon rêve
entre mes mains, et dis
Dis au fils de Marie: Ainsi, tu nous fais subir
le sort que tu t'es choisi
Seigneur, sommes-nous assez justes, pour
l'être demain?
- Comment guérirais-je du jasmin, demain?
- Comment guérirais-je du jasmin, demain?
Ils font obscurité ensemble, dans des ombres
qui dansent au plafond de sa chambre
Elle lui dit: Ne sois pas ténébreux après mes seins
Il dit: Tes seins, nuits qui éclairent l'essentiel
Nuits qui me couvrent de baisers, et nous
nous sommes emplis
Le lieu et moi, de nuits qui débordent de la
coupe
Elle rit de sa description. Et elle rit encore
Lorsqu'elle cache la pente de la nuit dans sa main
- Mon amour s'il m'était donné d'être un
garçon, je serais toi

- Et s'il m'était donné d'être une fille, je
serais toi
Et elle pleure, comme à son habitude
lorsqu'elle revient d'un ciel couleur de vin
Emmène-moi Etranger dans un pays où
Je ne possède pas un oiseau bleu sur un saule
Et elle pleure, pour pour traverser ses forêts dans
le long départ vers elle-même. Qui suis-je?
Qui suis-je après ton exil dans mon corps?
Ah cette peine qui me vient de moi, de toi de
mon pays
Qui suis-je après ces deux yeux en amande?
Montre-moi mon lendemain!
Ainsi les deux amants laissent leurs adieux en
désordre
Comme le parfum du jasmin sur les nuits de
juillet

Quand vient juillet
Le jasmin me porte à une rue qui ne mène
nulle part
Mais je chante encore
Jasmin
Sur les nuits
De juillet


Mahmoud Darwich, "Pourquoi as-tu laissé le cheval à sa solitude?", Actes Sud, 1996, pp. 99-100 (traduit de l'Arabe par E. Sanbar)

Récital en hommage à Mahmoud Darwich

D'autres poésies de Mahmoud Darwich, sur Terre de femmes: Si le jeune homme était un arbre et Je demeure vivant

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24 octobre 2008

De simples histoires de détresses et de joies ordinaires

"La vitesse foudroyante du passé" de Raymond Carver
4 1/2 étoiles41XyWrpkTNL__SL500_AA240_

Points, 2008, 175 pages, isbn 9782757805763

(traduit de l'Anglais par Emmanuel Moses)

Mes rencontres précédentes avec l'oeuvre de Raymond Carver m'ont laissé le souvenir d'un merveilleux nouvelliste, qui n'avait pas son pareil pour évoquer avec trois fois rien des vies très ordinaires, leurs détresses et leurs joies, petites et grandes. De la mort d'un enfant aux ravages de l'alcool, d'une scène de ménage - et chez Carver, celles-ci peuvent être d'une rare violence et pourtant rendues sans aucun pathos - au plaisir tranquille d'une journée consacrée à la pêche à la ligne, l'économie des moyens déployés n'a d'égal que la profonde attention que l'auteur accorde à ses personnages si terriblement humains, sans jamais les juger. Un regard qui n'est pas sans rappeler celui que Tchékhov posait sur les héros de ses propres nouvelles, Tchékhov à qui Raymond Carver avait d'ailleurs rendu un hommage sensible dans sa nouvelle "Les trois roses jaunes"...

Et les poèmes rassemblés dans "La vitesse foudroyante du passé" m'ont permis de retrouver les qualités que j'avais tellement appréciées dans les nouvelles, au fil d'histoires - car chacun de ces textes est une histoire à part entière, parfois resserrée dans l'espace d'une seule page - si possible encore plus denses et épurées que dans les nouvelles. Ce sont quatre-vingt poèmes de forme très libre et fluide où la poésie se fait impalpable, tout en restant incontestablement présente, par la grâce d'un je-ne-sais-quoi, peut-être à peine une lueur de beauté dans le regard du poète mais cette lueur change tout...

Extrait:

La petite chambre

"Il y eut un grand règlement de comptes.
Les mots volaient comme des pierres à travers les fenêtres.
Elle hurlait, elle hurlait, comme l'Ange du Jugement.

Puis le soleil jaillit et un sillage de fumée
stria le ciel matinal.
Dans le silence soudain, la petite chambre
se retrouva étrangement seule, tandis qu'il lui séchait ses larmes.
Elle devint comme toutes les autres petites chambres sur terre
que la lumière a du mal à envahir.

Des chambres où les gens hurlent et se blessent.
Puis éprouvent douleur, et solitude.
Incertitude. Un besoin de consolation." (p. 83)

D'autres poèmes de Raymond Carver, dans mon chapeau: La toile d'araignée et "Asie"

23 octobre 2008

De Bach à Ravel...

preview20080313Récital de David Lively (piano)
Théâtre Royal de Namur, le 21 octobre 2008 à 20h30

De Bach à Ravel, en passant par Schumann et Gershwin. Tel était le programme, éclectique, du récital que donnait David Lively ce mardi soir au théâtre royal de Namur. Et si l'interprète était manifestement très à l'aise dans tous ces répertoires, ce n'était pas le cas du piano Steinway, dont les sonorités un peu dures ont voilé la fantaisie op. 17 de Schumann d'une pointe de froideur *...

Les quelques extraits de "L'Art de la Fugue" de J.-S. Bach, proposés en ouverture du concert, étaient, quant à eux, parés de sonorités cristallines et transparentes. Le "Great American Songbook" de Georges Gershwin, oeuvre (trop) peu jouée, s'est révélé aussi éblouissant que raffiné. Et la "Valse" de Maurice Ravel a offert à ce récital une fin en forme de véritable apothéose qui n'occultait rien de ce que cette pièce, composée tout juste après la première guerre mondiale, peut avoir d'amer et d'inquiétant...

Et par-delà le caractère à première vue un peu fourre-tout de ce programme, une vraie cohérence s'est dessinée tout au long du concert et des présentations des oeuvres, mini-causeries improvisées très spontanément par l'interprète désireux de faire partager son enthousiasme par tous les moyens possibles. Comme la manifestation d'une parenté entre quatre oeuvres, qui chacune à sa manière, explorent des voies et des formes nouvelles. Et surtout quatre oeuvres absolument magnifiques...

* Comparaison n'est pas raison - parce qu'au fond, ça n'a rien à voir -, mais je ne peux m'empêcher de préférer à l'interprétation de la fantaisie de ce mardi soir, celle de Leif Ove Andsnes: le pianiste norvégien offrant à la partition de Schumann une palette d'une extraordinaire richesse, la portant du même coup à une intensité et une plénitude inégalées.

0724355641458

Robert Schumann
Sonate pour piano n°1 et Fantaisie op. 17
Leif Ove Andsnes
Un CD EMI Classics réf.
7243 5 56414 2 7

 

21 octobre 2008

Azulejos (3)

Décorant les églises et les demeures de l'aristocratie, les azulejos peuvent aussi s'encanailler pour dépeindre la vie du peuple, paysans et colporteurs...

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Porto, cloître de la cathédrale (Cliché Fee Carabine)

Les épisodes précédents: (1) et (2)

20 octobre 2008

Douces brûlures d'estomac

41IGlKhimzL__SL160_AA115_Mélanie de Biasio, jeune chanteuse de jazz qui nous avait offert l'année dernière un superbe album - "A stomach is burning" - est l'artiste "live" de la semaine dans l'émission "Cinquante degrés Nord". Encore toute jeune, elle a déjà tout d'une grande et surtout un ton bien à elle pour chanter les plumes roussies des peines de coeur et des amours malheureuses... A ne pas rater!

"Cinquante degrés Nord", c'est la latitude de Bruxelles mais aussi toute l'actualité culturelle de Belgique et d'ailleurs. Du lundi au vendredi à 20h15 sur Arte/Belgique, avec une rediffusion sur La Une/RTBF en fin de soirée.

20 octobre 2008

Tout ça, c'est la faute à Brigitte Bardot...

a_1095"Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran" d'Eric-Emmanuel Schmitt
Théâtre royal de Namur, le 17 octobre 2008 à 20h30

Il est sans doute inutile de présenter "Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran". C'est un des quatre volets du "cycle de l'invisible" qu'Eric-Emmanuel Schmitt a consacré à l'évocation des grands courants religieux - en l'espèce au soufisme. Et surtout c'est un des grands succès de l'auteur: succès en librairie, au théâtre et au cinéma... En somme, il était difficile d'y échapper et pourtant, je ne l'avais ni lu ni vu dans quelque version que ce soit, jusqu'à ce vendredi soir où je l'ai découvert dans l'interprétation tout en finesse de Michel Kacenelenbogen.

De la mise en scène très sobre au jeu tour à tour tendre ou ironique, et toujours très juste, de Michel Kacenelenbogen, sans oublier les musiques aussi discrètes que suggestives de Quentin Dujardin, jeune guitariste et compositeur qui a roulé sa bosse aux quatres coins du monde pour nourrir avec bonheur ses créations au fil de ses rencontres... Toutes les conditions étaient réunies pour nous offrir une bien jolie soirée théâtrale et une belle occasion de découvrir un beau texte, tendre, grave et drôle tout à la fois: une soirée où l'on a beaucoup ri et souri souvent, non sans réfléchir au passage, tout en douceur...

Présentation du spectacle sur le site du Théâtre royal de Namur

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