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Dans mon chapeau...
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19 juin 2010

Toute la vie d'une arrière-cour

MV5BNTE4MzAwMDM4MF5BMl5BanBnXkFtZTcwMjk1NzUxMQ____V1__SX99_SY140_"Fenêtre sur cour" d'Alfred Hitchcock,
avec James Stewart, Grace Kelly et Thelma Ritter

Immobilisé dans son minuscule appartement new yorkais par une jambe dans le plâtre, L.B. Jeffries, un photoreporter du genre baroudeur (incarné par James Stewart), se voit réduit à tuer le temps en observant les allées et venues de ses voisins. Intrigué par des mouvements inhabituels, il en vient à soupçonner l'un de ceux-ci d'avoir assassiné sa femme, puis de s'être débarrassé du corps.

Comme toujours, s'agissant d'un film d'Alfred Hichtcock, il serait dommage de trop parler de l'intrigue et de son enquête policière - impeccablement réglée, cela va de soi. Et du reste, "Fenêtre sur cour" est bien plus qu'un excellent film à suspense auquel on resterait scotché par le simple désir de connaître la fin de l'histoire. C'est bien sûr l'un des tout grands films d'Alfred Hitchcock qui y laisse libre cours à toute sa virtuosité dans l'art de l'omission - son art incomparable de manipuler le spectateur par ce qu'il ne lui montre pas... C'est tout autant une réflexion sur le voyeurisme auquel Jeffries n'est d'ailleurs pas le seul à se livrer, car sa petite amie Lisa (Grace Kelly) ou son infirmière (une savoureuse Thelma Ritter) se laissent elles aussi prendre au jeu, se prenant d'un intérêt passionné pour la vie grouillante de cette petite arrière-cour. Et il faut bien avouer que c'est à tout ce petit monde, aux peines de coeur de miss Lonelyheart ou à celles du compositeur qui occupe le studio d'artiste juste sous les toits, au remuant petit chien du couple du deuxième étage ou aux chorégraphies impromptues de miss Torso, que "Fenêtre sur cour" emprunte une bonne part de son intérêt inépuisable. Un film à voir et revoir sans modération!

D'autres films d'Alfred Hitchcock, dans mon chapeau: "Les amants du capricorne", "Correspondant 17", "Mr and Mrs Smith", "Pas de printemps pour Marnie", "Sabotage", "Soupçons" et "Les trente-neuf marches"

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11 juin 2010

Rock'n roll et rose bonbon

18612765"Marie-Antoinette" de Sofia Coppola,
avec Kirsten Dunst et Jason Schwartzman

Déjà diffusé sur Canvas (télévision belge flamande) il y a de cela quelques semaines, le dernier film en date de Sofia Coppola est à nouveau programmé ce vendredi (11 juin) sur La deux-RTBF et ce dimanche (13 juin) sur France 3. Mais comment dire? Présenté comme l'adaptation de l'ouvrage consacré à la reine Marie-Antoinette par la biographe britannique Antonia Fraser, le "Marie-Antoinette" de Sofia Coppola s'apparente bien plus à une soupe-opéra rock'n roll et rose bonbon qu'à une biographie filmée en bonne et due forme à l'instar de ce que Saul Dibb avait réalisé avec "The Duchess".

Au long d'un interminable défilé de costumes somptueux, de froufrous, de dentelles et de perruques poudrées plus extravagantes les unes que les autres, les acteurs engagés pour ressusciter le Versailles des années 1770 à 1789 s'agitent à qui mieux mieux sur un fond sonore de musique rock alternative où quelques éclats des oeuvres de Rameau ou de Vivaldi semblent s'être irrémédiablement perdus. Les grandes comédies musicales sauce Broadway ne sont pas très loin, l'émotion en moins car d'émotion, non, vraiment, je n'en ai pas ressenti le plus petit frisson en dépit des efforts - vains il faut bien le dire - de Kirsten Dunst pour nous restituer les chagrins et les frustrations d'une jeune femme qui, si elle a beaucoup cherché à s'étourdir, fut au fond plutôt malheureuse.

Bref, autant j'ai apprécié "The Virgin suicides" et surtout "Lost in translation" (que j'ai  pris plaisir à revoir à plusieurs reprises), autant ce "Marie-Antoinette" noyé de crème et de sucre glace me semble décidément très dispensable... Alors, pourquoi ne pas plutôt passer la soirée en compagnie d'un bon livre?

9 juin 2010

Une chronique familiale intimiste, sur fond de blessures de guerre

51SPZG1FT8L__SL500_AA300_"Rhapsodie en août" d'Akira Kurosawa,
avec Sachiko Murase, Hisashi Igawa et Richard Gere

En adaptant assez librement "Le Chaudron" de Kiyoko Murata, Akira Kurosawa délaisse quelque peu le questionnement sur les héritages familiaux, les lois de l'hérédité et les fameux petits pois de Gregor Johan Mendel au coeur de ce très beau texte, pour inscrire cette jolie chronique familiale sur la toile de fond douloureuse de la deuxième guerre mondiale et du bombardement de Nagasaki.

Grand-mère Kane a accueilli ses petits-enfants pendant leurs vacances d'été, tandis que leurs parents sont partis à Hawaï rendre visite à l'oncle Suzujiro, un frère aîné de Kane qui avait émigré là-bas avant la guerre. A l'article de la mort, Suzujiro souhaite renouer avec la dernière survivante de sa famille restée au Japon, sans savoir que sa jeune soeur avait  perdu son mari à Nagasaki en ce funeste jour du 9 août 1945... Avec "Rhapsodie en août", Akira Kurosawa nous offre donc tout à la fois une chronique intimiste, teintée de douceur et de mélancolie, annonçant le très beau "Madadayo" qui verra le jour deux ans plus tard, et un long poème célébrant la réconciliation d'une famille par-delà les blessures de la guerre, une réconciliation symbolisée par la visite que Clark, le fils de Suzujiro et neveu d'Amérique, ici incarné par Richard Gere, rendra finalement à sa tante Kane. C'est un film tout de fraîcheur, de spontanéité. Pudique. Touchant. Et beau, finalement, sans ostentation...

Un autre film d'Akira Kurosawa, dans mon chapeau:  "Les sept samouraïs"

22 avril 2010

Une phénoménale bande d'idiots

18991610_jpg_r_160_214_b_1_CFD7E1_f_jpg_q_x_20080929_061536"Burn after reading" d'Ethan et Joel Coen,
avec Frances McDormand, Tilda Swinton, John Malkovitch, Brad Pitt, George Clooney et Richard Jenkins

La réussite totale qu'est le dernier opus en date des frères Coen - "A serious man" - m'a donné l'envie de partir à la découverte de quelques uns de leurs films précédents, que j'avais pour une raison ou une autre zappés lors de leur sortie en salles. En commençant par ce très savoureux cru 2008: "Burn after reading".

Burn_after_reading

Voilà un film qui défie toute tentative de résumé - le mieux pour donner une très vague idée de son argument est encore de copier-coller le petit schéma qui illustre le dos du boîtier du DVD - mais qui nous offre de passer une heure et demie en compagnie d'une phénoménale bande d'idiots dont l'invraisemblable accumulation de bêtises est tout à fait jouissive. L'ensemble du casting est bien sûr impeccable, y compris Brad Pitt dans un rôle en or qui lui convient bien mieux que celui d'un héros grec en sandales et jupette. Mais surtout, surtout, "Burn after reading" ne serait sans doute pas si réussi si une vraie mélancolie ne pointait pas sous son vitriol, et si sa bande d'idiots, au fond tous très seuls et plutôt malheureux, n'étaient pas aussi, et presque malgré eux, profondément touchants.

D'autres films d'Ethan et Joel Coen, dans mon chapeau: "Intolérable cruauté", "A serious man" et "O'Brother, Where Art Thou?"

16 avril 2010

Un film total

affiche_jpg_r_160_214_b_1_CFD7E1_f_jpg_q_x_20021210_030144"Les sept samouraïs" d'Akira Kurosawa,
avec Toshirô Mifune

L'enthousiasme obsessionnel de Ludo et Sibylla, héros du "dernier samouraï" d'Helen Dewitt, pour ce film qu'ils se repassent en boucle, du début à la fin ou par morceaux, dans l'ordre ou dans le désordre, avait rendu cela inéluctable: je me devais de découvrir "Les sept samouraïs" et grâce au cycle "films de samouraïs" proposé récemment sur Arte, c'est à présent chose faite. Et ma foi, je peux comprendre l'admiration de Sibylla pour ce film et son idée un peu biscornue de proposer ses sept héros à son fiston comme figures paternelles de remplacement, car les valeurs et le code éthique qu'ils incarnent - sans tomber dans les bons sentiments ni dans la morale à deux sous - les prédisposent à l'évidence pour ce rôle.

Mais c'est bien loin d'épuiser tout ce qu'il y a à dire de ce qui s'impose comme un des tout grands films d'Akira Kurosawa. Car "Les sept samouraïs" est avant tout un film total à l'image des pièces de Shakespeare que le réalisateur japonais admirait tant et qu'il a d'ailleurs portées à plusieurs reprises au grand écran: tout à la fois un film contemplatif et un film d'action, un film de guerre et un film d'amour, un drame et une comédie. Bref, un indispensable à voir et à revoir, oui, à l'exemple de Ludo et Sibylla.

Un autre film d'Akira Kurosawa, dans mon chapeau: "Rhapsodie en août"

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10 avril 2010

Pour la liberté de la presse

18460477_jpg_r_160_214_b_1_CFD7E1_f_jpg_q_x_20051124_030549"Good night, and good luck" de George Clooney,
avec David Strathairn, Robert Downey Jr et George Clooney

"Good night, and good luck", telle était la formule par laquelle Edward R. Murrow, journaliste vedette de la CBS terminait son émission documentaire "See it now", un programme dans lequel il s'attaqua aux méthodes - à tout le moins anti-démocratiques - utilisées par la commission présidée par le sénateur Joseph McCarthy dans sa "chasse aux sorcières" communistes. La préparation de cette émission diffusée en mars 1954, et les événements qui en découlèrent, sont au coeur de ce film réalisé par George Clooney en 2005, où ils servent de prétexte à une réflexion à peine voilée sur sur la liberté de la presse et sur le rôle des médias et tout particulièrement de la télévision dans nos sociétés, comme outils d'information ou de divertissement.

On aurait pu souhaiter une démonstration un tantinet moins explicite et appuyée, laissant un petit peu plus d'espace à l'interprétation du film par le spectateur. Mais même si "Good night, and good luck" nous met très (trop ?) carrément les points sur les "i", ce film n'en séduit pas moins par ses partis pris esthétiques affirmés, mêlant à des images d'archives du sénateur McCarthy des séquences modernes tournées elles aussi en noir et blanc, de façon très soignée, et à une bande-son jazzy proprement irrésistible. Et puis, il faut bien reconnaître que ce film, sorti en pleine présidence Bush Jr, était sacrément culotté et terriblement pertinent. Et surtout qu'il reste toujours pertinent aujourd'hui!

9 mars 2010

La belle fraîcheur de Jamel Debbouze (et des petits moutons provençaux ;-).)

18993513"Parlez-moi de la pluie" d'Agnès Jaoui,
avec Jamel Debbouze, Jean-Pierre Bacri et Agnès Jaoui

J'ai passé un bon moment, comme d'habitude, en compagnie du nouvel opus d'Agnès Jaoui et de son compère Jean-Pierre Bacri: le juste cocktail d'amertume et de légéreté, une belle fraîcheur amenée par Jamel Debbouze, les verts pâturages des Alpilles et leurs petits moutons aux opinions politiques apparemment bien arrêtées (dans une des scènes les plus drôles du film...)

Plaisir pourtant pas tout à fait sans mélange, et mâtiné d'un vague sentiment de déjà-vu qui ne devait rien au scénario, ni aux décors. Mais c'est que Jean-Pierre Bacri en vieux bougon un-tiers-pathétique, un-tiers-agaçant, un-tiers-touchant, et Agnès Jaoui en féministe bon teint, ben oui, on a déjà vu ça ailleurs, et qui plus est en mieux articulé. Ce fut un bon moment, oui. J'ai ri un peu, et souri souvent. Mais tout de même, je m'interroge: la lassitude me guette-t-elle au tournant de leur prochain film? Ou une vraie belle surprise sera-t-elle au rendez-vous?

6 février 2010

Hiératique et figé

18740179_jpg_r_160_214_b_1_CFD7E1_f_jpg_q_x_20070206_030816"La cité interdite" de Zhang Yimou,
avec Gong Li et Chow Yun-Fat

Adaptant de la pièce "L'orage" du dramaturge chinois Cao Yu tout en en transposant très librement l'action sous le règne de la dynastie Tang, Zhang Yimou nous propose ici un film qui frappe dans un premier temps par ses décors et ses costumes somptueux, les dorures et les couleurs sursaturées qui flirtent continuellement avec l'éblouissement.

Mais las! L'intrigue de ce drame sanguinaire qui n'a rien à envier aux chefs-d'oeuvre les plus gore du théâtre élisabéthain - voyez "Titus Andronicus" ou "La duchesse d'Amalfi" - ne décolle jamais vraiment. Et l'impression qui domine est finalement celle d'un film de bout en bout hiératique et figé, alors même que tout ce petit monde s'entre-étripe joyeusement (et que ceux qui ne s'entre-étripent pas s'entre-empoisonnent). Les mouvements de masse des grandes scènes de bataille, confinant à l'abstraction, permettent sans doute de comprendre pourquoi Zhang Yimou s'est vu confié la mise en scène de la cérémonie d'ouverture des J.O. de Pékin, mais vraiment pas ce qui lui vaut d'être considéré comme un des grands cinéastes chinois d'aujourd'hui: pour cela, cherchez plutôt du côté de "Vivre!" ou du "Sorgho rouge"...

Une fiche très complète consacrée à "La cité interdite" sur wikipedia.

15 janvier 2010

"Up in the sky"

la_haut"Là-haut" des studios Pixar,
sous la direction de Pete Docter et Bob Peterson

Dernière production en date des studios Pixar, "Là-haut" présente au moins un point commun avec "Wall-e": un scénario qui me laisse quelque peu sceptique. Si la première partie du film, contant la vie de Carl et Ellie jusqu'à la mort de cette dernière, est touchante et d'une gravité inattendue dans un dessin animé destiné aussi (avant tout?) à un jeune public, j'ai eu bien plus de mal à avaler les développements qui suivent le départ de Carl dans sa maison soulevée par un essaim de ballons, et surtout ces "méchants" surgis tout à coup out of the blue et auxquels personnellement je n'ai pas pu croire une minute...

Reste que l'animation est, comme d'habitude, très soignée et que ce vieux grognon de Carl se révèle mignon tout plein, au fond, alors qu'il reprend goût à la vie et qu'il noue une belle amitié avec le petit Russell. Alors ne boudons pas notre plaisir ;-).

1 janvier 2010

Biiip trrrrrt!

18948378_jpg_r_160_214_b_1_CFD7E1_f_jpg_q_x_20080610_114123"Wall-e" des studios Pixar,
sous la direction d'Andrew Stanton

Ce fut une double surprise que le scénario de ce cru Pixar 2008, "loupé' en salle et "rattrapé" en DVD: une double surprise par sa noirceur autant que par sa minceur! Car passé le premier étonnement de voir proposer à nos chères têtes blondes la vision très sombre d'une terre envahie par les déchets au point que ses habitants ont dû trouver refuge dans l'espace, il faut bien reconnaître qu'il ne se passe plus grand chose et que le béguin du gentil robot Wall-e pour la jolie sonde Eve, fut-il contrarié par un méchant ordinateur de bord, n'offre qu'un argument bien maigre pour un film de 1 heure 37 minutes!

Le charme de ce film - et il en a - tient, outre la qualité de l'animation, à son extraordinaire bande-son et aux biiip et trrrrrrt si expressifs de Wall-e. Le travail des ingénieurs du son fait d'ailleurs l'objet d'un bonus rien que pour eux sur le DVD: coup de projecteur amplement mérité et tout à fait passionnant.

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