Une histoire de luttes fratricides, encore...
"Horace" de Pierre Corneille,
dans une mise en scène de Naidra Ayadi
Atelier Théâtre Jean Vilar, Louvain-la-Neuve, le 21 janvier 2011
En nous entraînant vers les débuts de la fabuleuse expansion romaine, Corneille nous ramène à la guerre fratricide qui opposa la cité fondée par Romulus à la ville voisine d'Albe-la-longue, à laquelle l'unissait pourtant de nombreux liens. Désignés comme champions de Rome, Horace et ses deux frères se virent ainsi contraints de combattre leurs parents et amis, les Curiace, sans que les prières des femmes de la famille - Sabine, épouse d'Horace était aussi la soeur des Curiace, et Camille, soeur d'Horace était fiancée à l'un des Curiace - y puissent rien changer.
Tout emprunté qu'il soit à l'Antiquité, le sujet de ce drame, on le voit, est intemporel, ou pour mieux dire, hélas, de tous les temps. Ainsi que le note justement Naidra Ayadi, comédienne - elle incarne Camille - et metteuse en scène: "Si les femmes sont tournées vers l'intime, les hommes dominés par l'orgueil, invoquent la "raison d'Etat". A l'incessant et silencieux combat pour la vie des unes répond la soumission bruyante au devoir patriotique des autres." S'appuyant sur un distribution que sa jeunesse rend d'autant plus touchante, cette production d'"Horace" échoue pourtant à nous faire pénétrer au plus profond des blessures que la guerre et la violence portent au coeur des familles, au plus intime des êtres. Malgré quelques très beaux moments inspirés - et notamment les apparitions de Sabine (Gina Djemba) et Camille -, elle apparaît finalement comme un peu trop sage et incapable de maintenir une vraie tension dramatique. Une tension que les mots de Corneille recelaient peut-être, ou non, je ne saurais le dire. Une tension qui éclatait en tout cas dans les brûlants "Incendies" de Wajdi Mouawad, autres temps, autres lieux, même douleur...
Présentation du spectacle sur le site de l'Atelier Théâtre Jean Vilar