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Dans mon chapeau...
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france
23 janvier 2011

Une histoire de luttes fratricides, encore...

"Horace" de Pierre Corneille,
dans une mise en scène de Naidra Ayadi

Atelier Théâtre Jean Vilar, Louvain-la-Neuve, le 21 janvier 2011

En nous entraînant vers les débuts de la fabuleuse expansion romaine, Corneille nous ramène à la guerre fratricide qui opposa la cité fondée par Romulus à la ville voisine d'Albe-la-longue, à laquelle l'unissait pourtant de nombreux liens. Désignés comme champions de Rome, Horace et ses deux frères se virent ainsi contraints de combattre leurs parents et amis, les Curiace, sans que les prières des femmes de la famille - Sabine, épouse d'Horace était aussi la soeur des Curiace, et Camille, soeur d'Horace était fiancée à l'un des Curiace - y puissent rien changer.

Tout emprunté qu'il soit à l'Antiquité, le sujet de ce drame, on le voit, est intemporel, ou pour mieux dire, hélas, de tous les temps. Ainsi que le note justement Naidra Ayadi, comédienne - elle incarne Camille - et metteuse en scène: "Si les femmes sont tournées vers l'intime, les hommes dominés par l'orgueil,  invoquent la "raison d'Etat". A l'incessant et silencieux combat pour la vie des unes répond la soumission bruyante au devoir patriotique des autres." S'appuyant sur un distribution que sa jeunesse rend d'autant plus touchante, cette production d'"Horace" échoue pourtant à nous faire pénétrer au plus profond des blessures que la guerre et la violence portent au coeur des familles, au plus intime des êtres. Malgré quelques très beaux moments inspirés - et notamment les apparitions de Sabine (Gina Djemba) et Camille -, elle apparaît finalement comme un peu trop sage et incapable de maintenir une vraie tension dramatique. Une tension que les mots de Corneille recelaient peut-être, ou non, je ne saurais le dire. Une tension qui éclatait en tout cas dans les brûlants "Incendies" de Wajdi Mouawad, autres temps, autres lieux, même douleur...

Présentation du spectacle sur le site de l'Atelier Théâtre Jean Vilar

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4 janvier 2011

L'art de la caricature

TACA0W12I2CA3G47AICAGULB85CAUN8R0KCAOJMSTSCAP0NZFXCA905VDBCAWZKOJ0CA4FK7G2CARP3UP4CAIHGTV3CAZ0N9WGCABQTSOICAJI6YCBCASK6GZCCAKNPHG3CAGSPVWQCAD42UQQCAPI7QUP"Pour rire: Daumier, Gavarni, Rops",
Musée provincial Félicien Rops, Namur
Jusqu'au 9 janvier 2011

Poursuivant une politique d'expositions temporaires centrées sur les personnalités de Félicien Rops et/ou d'artistes dont l'oeuvre offre des correspondances particulières avec celle du troublion namurois, le musée Félicien Rops met actuellement en lumière son art de la caricature, dans un face à face savoureux avec les dessins et gravures de deux maîtres français du genre: Honoré Daumier et Paul Gavarni.

Sous leurs crayons affutés, leurs traits vifs et coquins, la caricature fait flèche de tout bois, prenant pour cible aussi bien la bourgeoisie et la vie du couple que les attitudes des jeunes femmes de moeurs légères que l'on connaissait alors sous le nom de lorettes, contrepoint féminin du dandy, ou encore de se gausser au passage des dernières modes vestimentaires (l'encombrante crinoline!) ou des nouvelles professions en vogue (médecins, avocats...) sans oublier d'ailleurs de rire de soi et plus généralement des poses de l'artiste. De quoi s'offrir un franc sourire en ces temps de grisailles météorologiques.

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Honoré Daumier, Croquis d'expressions: Que diable! Monsieur, ne bougez donc pas les mains, vous perdez la pose... (source)

Présentation officielle de l'exposition, sur le site du musée Félicien Rops

Vous trouverez également, dans mon chapeau, des billets traitant d'autres expositions du musée Félicien Rops: "L'oeuvre secret de Gustav-Adolf Mossa" et "Impressions symbolistes - Edmond Deman (1857-1918)" 

29 décembre 2010

Perplexe, que j'en reste...

18964540_jpg_r_160_214_b_1_CFD7E1_f_jpg_q_x_20080724_033525"Peau-d'âne" de Jacques Demy,
avec Catherine Deneuve, Delphine Seyrig et Jean Marais

Six ans après "Les parapluies de Cherbourg" - et après un passage par Hollywood -, Jacques Demy renouait avec ses complices de l'époque, Catherine Deneuve et Michel Legrand, pour adapter au format de la comédie musicale le célèbre conte de Charles Perrault, un film qui nous était justement proposé par Arte, dans le cadre de sa programmation de fin d'année.

Mais comment dire? Là où "Les parapluies de Cherbourg" distillaient un véritable charme au service d'un propos sans doute plus grave qu'il n'y paraissait au premier abord - car c'est bien la guerre d'Algérie que l'on y découvre en toile de fond -, ce "Peau-d'âne" m'est apparu comme singulièrement dépourvu de magie, ou de la plus petite trace de cette poésie dont Jean Cocteau avait su imprégner sa version de "La Belle et la Bête". Il n'y a ici rien, vraiment, qui sonne tout à fait juste: ni les costumes enflés au-delà de toute mesure, ni la musique, hésitant bizarrement à assumer son côté fleur-bleue pourtant indéniable, ni les quelques tentatives risquées ça et là de mettre en évidence la dimension la plus inquiétante, et pour ainsi dire psychanalytique, du conte de Perrault. Bref, voilà qui me laisse bien perplexe...

20 décembre 2010

Rien de nouveau sous le soleil des Ravenelles

"Les révolutions (Le retour à la terre, tome 5)" de Jean-Yves Ferri et Manu Larcenet
3 1/2 étoiles415_yRLA_lL__SL500_AA300_

Dargaud/Poisson pilote, 2008, 48 pages, isbn 9782205062359

Il n’y a pas grand-chose de neuf aux Ravenelles depuis notre dernière visite ("Le déluge (Le retour à la terre, tome 4)"). Capucine pousse à vue d’œil, sa couette à la Fifi Brindacier est presqu’aussi longue que celle de sa maman et elle gazouille à qui mieux mieux, assimilant sans guère d’effort le vocabulaire paternel, même le plus pointu. Et Mariette a décidé de reprendre des études, laissant régulièrement leur petite puce à la garde du seul Manu, que cette responsabilité angoisse un peu…

Quant au maire, à l’épicier, à l’ermite ou à la boulangère, ils restent toujours égaux à eux-mêmes, avec les mêmes effets sur le ménage Larssinet, tandis que tonton Ferri poursuit allègrement sa mise en abyme de la vie de tout ce petit monde dans les scénarios qu’il écrit pour son ami. L’effet de surprise, sans doute, s’émousse quelque peu, mais on n’en passe pas moins un bon moment avec ce cinquième tome du "Retour à la terre": c’est frais, léger, drôle et amusant encore que teinté d’une pointe d’ironie.

Extrait:

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(p. 25)

Les épisodes précédents: "La vraie vie (Le retour à la terre, tome 1)", "Les projets (Le retour à la terre, tome 2)", "Le vaste monde (Le retour à la terre, tome 3)" et "Le déluge (Le retour à la terre, tome 4)"

6 décembre 2010

"Oui, les femmes fantasment aussi – et heureusement!"*

"Infrarouge" de Nancy Huston41cqlFBNjYL__SL500_AA300_
4 étoiles

Actes Sud, 2010, 315 pages, isbn 978274279107

Rena Greenblatt est photographe. Reporter sur tous les fronts de l'actualité mais aussi artiste et comme telle, elle a fait de la photographie infrarouge sa marque de fabrique, tout à son désir de découvrir ce qui se cache derrière la peau dénudée de ses amants de passage, ou selon ses propres termes: "Vingt ans déjà que je privilégie ce côté-là du spectre – le côté spectral justement, fantomatique, onirique -, les ondes courtes, de plus en plus courtes, invisibles à l'oeil nu, là où la lumière commence à se muer en chaleur. Je me sers de ma caméra pour me glisser sous la peau des gens. Faire ressortir les veines, le sang chaud, la vie qui court en chacun de nous. Révéler leur aura invisible, les traces qu'a laissées le passé sur leur visage, leurs mains, leurs corps. Explorer, dans les paysages ruraux ou urbains, le détail hallucinant des ombres. Transformer le fond en forme et la forme en fond. Mettre l'immobile en mouvement comme ne saurait le faire aucun film." (p. 66)

Sa vie très remplie ne lui laisse donc que rarement le temps de prendre des vacances, et ce n'est que poussée par un vague sentiment d'urgence – la vieillesse et son cortège d'empêchements de plus en plus prégnants – qu'elle s'est enfin résolue à se libérer pour passer une semaine en Toscane avec son père, Simon, et Ingrid, la seconde épouse de ce dernier. Mais entre un employeur qui la rappelle soudainement en France, pour fixer sur la pellicule les révoltes de la banlieue parisienne en ce mois d'octobre 2005, et les petites contrariétés ou grandes déceptions du voyage, rien ne se passe comme prévu. Les relations de notre héroïne avec son père et sa belle-mère sont souvent tendues, laissant Rena bien plus seule, au cours de ces vacances familiales, qu'elle ne le prévoyait: seule avec ses souvenirs – souvenirs de sa mère qui un jour sortit brutalement de sa vie et de celle de Simon pour n'y plus revenir, souvenirs de son frère aîné auquel la relie un lien compliqué mais pourtant indéfectible d'amour-haine, souvenirs de ses enfants, de ses trois mariages ou encore de ses amours pour le moins tumultueuses, et dont elle a le plus souvent pris l'initiative –, autant d'images qui tournent en boucle dans sa tête et qu'elle ne peut confier qu'à Subra**, son double, son amie imaginaire. Ces vacances tragicomiques se muent donc pour Rena en une occasion inattendue de se retourner sur son passé, ses blessures les plus secrètes et les désirs qu'elle s'est toujours refusée à réprimer, au mépris des conventions, ce qui lui valut de se voir qualifier ça et là, dans la presse ou sur la toile, de prédatrice, qualificatif très exagéré à mon avis, et qu'on n'appliquerait en aucun cas à un homme se comportant de même.

Retraçant d'une plume franche et directe le parcours - parcours toscan mais aussi parcours de vie - de son héroïne, Nancy Huston nous offre avec "Infrarouge" le portrait d'une féministe engagée dont le discours à l'emporte-pièce peut certes être agaçant par moments, mais qui ne nous apparaît pas moins comme un très beau personnage de femme. Une femme de chair et au sang chaud, une femme libre, profondément humaine, et finalement bien plus attachante qu'agaçante.

* (p. 40)
**  Pour la petite histoire, c'est l'anagramme du nom de la photographe américaine Diane Arbus.

D'autres livres de Nancy Huston sont présentés sur Lecture/Ecriture.

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16 novembre 2010

Ciel étoilé

"Le ciel s'égouttait lentement, comme si l'on eût mis à sécher sur la ville une serpillière humide encore d'avoir été plongée dans un grand seau d'étoiles."

Lionel Bourg, "Le Chemin des écluses", Folle Avoine/La petite bibliothèque, 2008, p. 16

1 novembre 2010

Infernale mais adorable… à moins que ce ne soit l’inverse!

"Miss Annie" de Flore Balthazar et Frank Le Gall
3 ½ étoiles

Dupuis, 2010, 78 pages, isbn 9782800146584 41fHucfanTL__SL500_AA300_

"Flore Balthazar dessine. En face, Frank Le Gall écrit. Entre les deux, Miss Annie, jeune chatte, court après les gommes. Les deux premiers racontent les aventures de la troisième." Telle est Miss Annie vue par son éditeur, présentation qui a le mérite de n’en révéler ni trop ni trop peu.

Heureux propriétaires d’une petite diablesse en fourrure noire, Flore Balthazar et Frank Le Gall ont donc eu l’idée de nous raconter son histoire, d’en tirer selon les propres termes qu’ils ont placés dans la bouche de leurs alter ego de papier, "une petite chose charmante et sans prétention". Moitié vécu – les griffes qu’un petit monstre s’aiguise sur le tissu des fauteuils, la poubelle de la cuisine renversée… -, moitié imagination – l’affection de Miss Annie pour Keshia, la petite souris, ou son amitié avec Zénon, le vieux matou philosophe, et l’élégante Mademoiselle Rostropovna, le territoire qu’il leur faut défendre -, Flore Balthazar et Frank Le Gall nous restituent un monde à hauteur de chat. Une vision rafraîchissante, désopilante parfois, et souvent bien mignonne. Une petite chose sans prétention, peut-être. Charmante, assurément. Le temps de rire un peu. Et de sourire beaucoup…

Extrait:

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(p. 12)

30 octobre 2010

"Choses qui font battre le coeur..."

51CRHQKV3YL__SL500_AA300_"Sans soleil", suivi de "La jetée" de Chris Marker

Je dois bien avouer, à ma grande honte, que je ne connaissais pas du tout Chris Marker avant de découvrir son nom dans le programme du dernier festival Ecran total. Et pourtant, ce cinéaste né en 1921, actif depuis plus d'un demi-siècle, a tout pour être connu des cinéphiles: assistant d'Alain Resnais sur le tournage de "Nuit et brouillard", écrivain et photographe, il est aussi de plein droit l'auteur d'une filmographie abondante où l'on compte autant de portraits - d'Akira Kurosawa ou d'Andrei Tarkovski - que de documentaires très engagés - traitant de la réception de l'art africain en France, "Les statues meurent aussi", co-réalisé en 1953 avec Alain Resnais, fut censuré pendant plusieurs années à cause de son caractère anti-colonialiste bien affirmé.

Court-métrage de science-fiction, tourné en 1962, "La jetée", qui était proposé à l'Arenberg en deuxième partie de programme, est sans doute son oeuvre la plus connue fut-ce par le biais des films qu'elle a marqués de son empreinte, tels "L'armée des douze singes" de Terry Gilliam. Mais c'est avant tout un film qui ne ressemble à rien d'autre. Plutôt qu'un film, c'est d'ailleurs un roman-photo, constitué d'une série d'images fixes montées à la suite les unes des autres, où les personnages sont joués - mais pas vraiment - par des acteurs qui n'en sont pas et parmi lesquels on reconnaîtra notamment Jacques Ledoux, fondateur du musée du cinéma de Bruxelles et conservateur de la cinématèque royale de Belgique pendant près de 40 ans... Cette forme totalement insolite et originale se trouvant mise au service d'un scénario tout simplement parfait, il est bien difficile de trouver les mots pour dire à quel point les 28 minutes de "La jetée" troublent et fascinent tout à la fois le spectateur qui se trouve embarqué dans leurs voyages temporels.

Etrange essai cinématographique réalisé vingt ans plus tard, "Sans soleil", qui était proposé pour sa part en ouverture de programme, se révèle au fond tout aussi inclassable. Journal de voyage prenant la forme - lancinante, incantatoire - d'une fausse correspondance, journal de voyage où le Japon, ses rituels shintoistes et ses jeux vidéos, se taillent la part du lion, "Sans soleil" s'en va bientôt à la dérive, hésitant entre réalité et fiction, questionnant jusqu'au sens même de ces deux termes, en même temps que la vulnérabilité humaine et la force des souvenirs. Dévidant le fil de ses instants de vie, de ses images tirées des actualités et de ses fêtes de quartier, "Sans soleil" est un film si mouvant - jamais là où on l'attend - qu'il échappe à son spectateur à mesure même qu'il se déroule devant ses yeux. Un objet cinématographique non identifié, donc, dont on retiendra pourtant au terme d'une première vision qu'il est, par sa longue énumération de "choses qui font battre le coeur", sans contestation possible le plus bel hommage - le plus juste et le plus touchant - que le septième art ait jamais rendu aux merveilleuses "Notes de chevet" de Sei Shônagon.

Pour en savoir plus, on peut consulter les fiches consacrées à Chris Marker sur wikipedia ou sur le site de la cinémathèque française.

29 octobre 2010

En apprentissage face à la pierre

“La pierre sans chagrin” d’Henry Bauchau41DY78Y1T4L__SL500_AA300_
4 étoiles

Actes Sud/Le Souffle de l’esprit, 2001, 42 pages, isbn 2742731938

La collection “Le Souffle de l’esprit” des éditions Actes Sud se veut un “reflet d’une ouverture des uns aux autres, à travers la prière, la réflexion, la méditation.” Elle était donc toute désignée pour accueillir cette réédition – enrichie – de “La pierre sans chagrin”, recueil de poèmes inspirés à Henry Bauchau par l’abbaye cistercienne du Thoronet, qui connut une première publication aux éditions de l’Aire en 1966.

Au long d’un pèlerinage en deux temps – tout d’abord une contemplation des vieilles pierres de l’abbaye ramenant au long travail des bâtisseurs, puis la suite des offices des heures rythmant la journée monastique –, Henry Bauchau entraîne son lecteur vers un lent cheminement intérieur, apprentissage tâtonnant d’une forme de patience, d’abandon, de disponibilité et de légèreté. Un apprentissage qui continuera d’ailleurs à le préoccuper bien avant dans les années 1970, ainsi qu’en témoigne le journal des “Années difficiles”. L’apprentissage d’une nouvelle règle:

“Avec mes pierres carrées
je t’enfermerai dans une œuvre
car tu es coureur de chagrins
et la règle est d’apprendre à rire
Homme
avant de mourir.”
(p. 12)

Ces poèmes du Thoronet sont ici accompagnés de quelques belles photos, par Franco Vercelotti, des anciens bâtiments de l’abbaye dont l’aspect rugueux et minéral est davantage mis en évidence par la texture de ce beau papier couleur crème cher aux éditions Actes Sud. Et l’ensemble est encore enrichi de deux poèmes plus récents, deux textes inédits dédiés l’un à Laure Bauchau, l’épouse de l'auteur, disparue peu de temps auparavant, et l’autre à la romancière Nancy Huston avec laquelle Henry Bauchau entretient une belle amitié, dont témoignait aussi, la même année, la “Petite suite au 11 septembre”.

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(p. 38)

Extrait:

Le maître d’oeuvre

“Ce que je ne vois pas dans la lumière de l’amour
je l’ignore.
Je suis passé dans ce monde
sans le voir, sans l’entendre
et je dors près de mes outils.
Quand vous verrez, entre les  pins, l’apparition
la plus simple
et la lumière
dans ses habits de pierre sauvage.
Quand vous écouterez du cœur
un peu dure, un peu moqueuse, assez tendre
cette parole qu’elle sait.
Ne serez-vous pas reconnues,
contenues, doucement surprises
femmes de cet univers que j’ignore
par l’amour, la pensée de pierre
et le muscle de l’évidence.”
(p. 21)

Une analyse de "La pierre sans chagrin", sur le site de La plume francophone.

D'autres livres d'Henry Bauchau, dans mon chapeau: "Le régiment noir", "Diotime et les lions" et "Déluge".

Et sur Lecture/Ecriture.

16 octobre 2010

Mots d'amour et de désamour

"Un tango en bord de mer" de Philippe Besson,
avec Jean-Pierre Bouvier et Frédéric Nyssen, dans une mise en scène de Patrice Kerbrat

Théâtre du Blocry, Louvain-la-Neuve, le 8 octobre 2010

Quelques années plus tôt, Stéphane - la cinquantaine élégante, écrivain reconnu - et Vincent - vingt ans de moins, et tout du jeune chien fou - s'étaient aimés. Puis Vincent était parti, disparu sans un mot d'explication. Le hasard - mais est-ce bien lui? - vient de les remettre en présence, un soir, dans le bar d'un bel hôtel en bord de mer. Le temps d'une danse, de quelques verres et d'une longue conversation, les deux hommes ont enfin l'occasion de se dire ce qu'ils avaient tu des années plus tôt, de se pencher une dernière fois sur les pourquois de leur (dés)amour et - comme on dit, quoique que l'expression soit au fond des plus bizarres - de rattraper le temps perdu...

Aux retrouvailles des deux amants, Philippe Besson offre des phrases tantôt tendres tantôt âpres, et ce qu'il faut de simplicité sans pathos excessif ni esbrouffe. Le reste, dès lors, repose sur les épaules de ses interprètes, qui - Jean-Pierre Bouvier comme Frédéric Nyssen - sont tout simplement parfaits: sobres, justes, sans jamais forcer le geste ni la voix. Dans l'intimité de la petite salle du Théâtre du Blocry, les mots de Philippe Besson trouvent, grâce à eux, tout l'écho qui leur revient, et leur juste poids tout à la fois de pudeur et d'émotion.

Présentation du spectacle sur le site de l'Atelier Théâtre Jean Vilar.

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