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Dans mon chapeau...
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8 mars 2009

Pèlerinage au bord du canal d’Ille-et-Rance

"Le Chemin des écluses", suivi de "Gueules de fort" 316hYjAW8qL__SS500_
de Lionel Bourg
4 ½ étoiles

Folle Avoine/La petite bibliothèque, 2008, 59 pages, isbn 9782868101846

Au bord du canal d’Ille-et-Rance, la villa Beauséjour, maison de la poésie de Rennes, accueille depuis quelques années des écrivains en résidence. Au printemps 2007, ce fut le cas de Lionel Bourg qui en a ramené ce "Chemin des écluses", récit précis et même méticuleux de ses promenades au long du canal et dans ses environs. Des promenades qui se muent insensiblement en un pèlerinage littéraire et poétique, sur les traces de Chateaubriand, Victor Segalen, Henri Thomas ou René-Guy Cadou, et partant en une méditation sur le temps qui passe, la vie, la mort, l’amour et ce que la poésie peut diable venir faire au milieu de tout cela : "Serait-ce donc ça, la poésie, ce qui cruellement nous manque ?
La frappe, et la scansion, douce, brutale, de ce défaut, ou comme aux veines des poignets le pouls sectionné de l’absence."
(p. 48)

Un second texte plus bref, "Gueules de fort", vient compléter cette plaquette par une évocation des tableaux d’Elice Meng, inspirés par les ouvriers – prisonniers, forçats… - qui construisirent le fort de Saint-Père, et dont beaucoup perdirent la vie dans ces grands travaux inutiles, offrant ainsi un prétexte à une nouvelle réflexion sur le rôle de l’art : ranimer des souvenirs occultés, et rendre justice aux exclus et aux oubliés…

Bien loin de se limiter à offrir un reflet des circonstances de leur création, "Le Chemin des écluses" et "Gueules de fort" se prêtent à de multiples relectures, suscitant de nouveaux échos, de nouvelles résonances à chaque redécouverte. Dans leur beauté aussi austère qu’insaisissable, et leurs épaisseurs de sens superposées de l’expérience immédiate aux détours de la mémoire la plus lointaine, ces deux textes se révèlent en fait propices à des explorations sans fin.

Extrait :

"Comment écrire, après ça ?
Comment s’acquitter de cette tâche ou, villa Beauséjour, dans l’appartement mis à ma disposition, tracer à l’intérieur de mes carnets autre chose que les phrases crayeuses, qui s’ébrèchent lorsque le temps ou l’inexpiable durée qu’elles réclament ne les étaie plus, les abandonnant à la friabilité, l’indigence d’une pensée, d’un monde, même, qu’elles drapaient autrefois, auquel elles aspiraient du moins, et comment l’assouvir,
Elle est retrouvée !
Quoi ? L’éternité.
Après tant d’échecs, tant d’itinéraires absurdes aux confins du langage, l’exigence, en soi, de ce que l’on suppose être encore la mer, le soleil, la poésie ?" (p. 41)

D'autres extraits, dans mon chapeau: ici et .

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