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Dans mon chapeau...
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22 septembre 2010

Pour plus de vérité

ma1005678"Les chemins de la mémoire", documentaire de José-Luis Peñafuerte,
avec la participation de Jorge Semprun

On avait beaucoup parlé, dans les médias francophones, de la tentative d'un juge espagnol - Baltasar Garzón - pour contraindre l'ancien dictateur chilien, Augusto Pinochet, à répondre de ses actes devant la justice. Mais bizarrement, ces mêmes médias nous ont donné beaucoup moins d'échos des efforts de ce même juge pour enquêter sur les "disparitions" d'opposants sous le régime franquiste, en 2008, alors que la société civile espagnole se trouvait engagée dans un débat houleux à propos de la nouvelle loi sur la mémoire historique qui venait d'être adoptée en octobre 2007. Et c'est tout justement en plein dans ce débat que nous plongent ces "chemins de la mémoire" de José-Luis Peñafuerte, jeune réalisateur belgo-espagnol et petit-fils d'exilés.

Qu'il suive une équipe médico-légale dans son travail d'exhumation d'une fosse commune et d'identification des corps des victimes des exécutions arbitraires qui marquèrent la répression franquiste, ou qu'il laisse la parole aux survivants de la guerre civile et aux familles des disparus, José-Luis Peñafuerte nous livre un film profondément émouvant, et un documentaire exemplaire. Non qu'il ne défende un point de vue personnel sur son sujet: je ne crois pas qu'une telle chose soit possible, ni d'ailleurs qu'elle soit souhaitable, et de fait, l'engagement du réalisateur en faveur d'un nouveau travail de mémoire et d'une réécriture de l'histoire de la guerre civile qui ne soit plus totalement à la botte des vainqueurs de 1939 est parfaitement clair. Mais son travail est bel et bien exemplaire en ce qu'il laisse véritablement s'exprimer les différents intervenants, fut-ce en les laissant tout simplement se taire face à la caméra, nous plongeant du même coup dans un silence plus chargé, plus éloquent - et plus bouleversant - que bien des longs discours.

Les représentants du camp franquiste eux-mêmes bénéficient du reste du même espace d'expression, qu'il s'agisse de nostalgiques de la dictature filmés lors d'une de leur commémoration dans la Valle de los Caídos, où se trouve le mausolée de Franco, ou du généralissime en personne, reprenant la parole par le biais d'une de ses allocution radiodiffusée, ressortie des archives. Et paradoxalement, ce sont sans doute leurs discours - qui font véritablement froid dans le dos - qui constituent l'argument le plus marquant du film en faveur d'une révision de l'histoire "officielle" de la guerre civile.

Le site officiel du film, que je vous recommande vraiment d'explorer, car il est très riche et très complet.

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