Toute la magie du théâtre

"La Tempête" de William Shakespeare,
dans une mise en scène de Jean-Michel d'Hoop,
avec les (superbes) marionnettes de Natacha Belova

Théâtre Royal de Namur, le 2 avril 2011

Bien plus tardive que "Beaucoup de bruit pour rien" dont je vous parlais hier, "La Tempête" s'inscrit aux côtés de "Cymbeline", de "Périclès" ou du "Conte d'hiver" dans la série des romances, des pièces où le merveilleux et une vraie noirceur se mêlent à la comédie toujours bien présente. Chassé de son duché de Milan par la trahison de son frère, Prospero a trouvé refuge sur une île où il a perfectionné ses talents de magicien tout en élevant sa fille Miranda. Et lorsque son frère félon, en compagnie du roi de Naples, son ennemi héréditaire, passe enfin au large de son île, Prospero est fin prêt à exécuter sa vengeance, manipulant les deux hommes et leurs compagnons jusqu'au seuil de la folie.

Et pour nous conter cette histoire d'une vengeance qui s'appuie sur des apparences trompeuses - en elle-même une vraie mise en scène de théâtre -, Jean-Michel d'Hoop a eu non pas une seule, mais tout un paquet d'idées brillantes. Choisir l'adaptation française d'André Markowicz, tout d'abord, qui nous livre ici une version du texte shakespearien tout aussi décoiffante que ses superbes traductions de Dostoïevski. Mêler au jeu des acteurs celui de marionnettes ensuite: conçues pour l'occasion par Natacha Belova, celles-ci sont de vraies merveilles, pleines de poésie et étonnament expressives, et rarement marionnettes se sont insérées si naturellement dans le déroulement d'une pièce de théâtre pourtant destinées à des acteurs en chair et en os. Monter le génie Ariel sur une paire de roulettes, enfin: c'est simple mais génial car bien peu de dispositif théâtraux ont su me donner un telle impression de liberté et de légèreté que ces deux roulettes toutes bêtes!

Bref, c'est toute la magie du théâtre qui jouait à plein pour faire de ce spectacle un des plus beaux de la saison 2010-2011. Un vrai bonheur, qui est encore à l'affiche à Namur jusqu'au jeudi 7 avril.

Présentation du spectacle sur le site du Théâtre Royal de Namur