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Dans mon chapeau...
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23 novembre 2009

Une révolte fourvoyée

"Lorenzaccio" d'Alfred de Musset,
dans une mise en scène d'Antoine Bourseiller

Atelier Théâtre Jean Vilar, Louvain-la-Neuve, le 20 novembre 2009

Idéaliste, intransigeant, et si terriblement jeune et vulnérable, tel est Lorenzo de Médicis dont le cousin, le duc Alexandre fait régner sur Florence une terreur sanglante. Brutal, débauché, pervers, vicieux - aujourd'hui on le qualifierait sans doute de pédophile -, celui-ci est devenu pour ses sujets, et surtout pour le parti républicain florentin mené par Philippe Strozzi, un tyran sanguinaire à abattre à tout prix. Et de fait, le prix que Lorenzo est prêt à payer - pour pouvoir approcher son cousin sans défense et lui régler son compte - est terrible: s'insinuer dans les bonnes grâces du souverain en partageant sa vie de débauche. Jusqu'à se déconsidérer complètement aux yeux de l'aristocratie florentine. Jusqu'à ce que le masque du débauché lui colle irrémédiablement à la peau, toute honte bue et ses idéaux enfuis...

C'est curieux comme l'on peut parfois partir à la découverte d'un spectacle poussé par une vague curiosité plutôt que par un réel enthousiasme - et un peu par la nécessité de compléter un abonnement - pour se retrouver cul par-dessus tête, chamboulé par ce qui se révèle en définitive comme l'une des plus belles surprises de la saison. Ce fut le cas d'un magnifique concert de l'ensemble Phoenix, au programme du festival de Wallonie. Et ce fut le cas, encore, de ce Lorenzaccio né de la plume d'Alfred de Musset dont le romantisme parfois un peu plaintif ne m'a jamais particulièrement attirée, et dont l'"Andrea del Sarto", monté il y a quelques années au Théâtre Royal de Namur, ne m'a laissé qu'un souvenir assez mitigé.

Mais dans la lecture aussi intense que dépouillée qu'en livre Antoine Bourseiller, bien loin de rester cantonné en  un vague mal-être égocentrique, "Lorenzaccio" se révèle avant tout comme un drame social et politique: le drame d'un idéalisme qui se dévoie en une action violente et finalement inutile. Atteignant ainsi à l'intemporel, la pièce de Musset apparaît du même coup parfaitement actuelle, et d'autant plus bouleversante qu'elle fait l'économie du pathos. Une excellente surprise et un vrai coup de coeur!

Présentation du spectacle sur le site de l'atelier théâtre Jean Vilar.

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