"commentaire IV (sainte thérèse)"
et parmi oisillons et sifflements dans la /
partie supérieure de la pensée / ou la tête / et rumeurs
en la tête comme une mer / ou plaintes /
ou vents ou mouvements / soleils
qui s'entrechoquent / s'éteignent / brûlent / ou puissances
comme milliers de bêtes piétinant
les faubourgs de l'âme / c'est-à-dire souffrant
les plus terribles peines / même ainsi
entière en sa quiétude apparaît l'âme /
ou le désir / la clarté non touchée
par la peine / le mépris / la misère /
la douleur ou la vilenie / alors
c'est quoi cette paix sans vengeance / cette mémoire
de ciel à venir / cette tendresse
qui descend de tes mains / fontaine
où les oisillons de la partie supérieure de la pensée
viennent boire / pépient doucement / ou se taisent
tel du clair qui coulerait de toi / petite aile
qui douce survole la guerre et la fatigue
comme un vol de la passion elle-même?
Juan Gelman, "L'opération d'amour", Gallimard/Du monde entier, 2006, pp. 30-31 (traduit de l'Espagnol par Jacques Ancet)