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Dans mon chapeau...
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21 mai 2011

Ainsi vont toutes choses humaines...

"Les grandes marées" de Jacques PoulinLes_grandes_mar_es
4 étoiles

Actes Sud/Babel, 2004, 214 pages, isbn 2742706798

Par ce que le nouveau propriétaire du journal qui l’emploie à entrepris de le restructurer, un traducteur – homme aussi méticuleux que solitaire, surnommé Teddy Bear parce que TDB, Traducteur De Bandes dessinées - a accepté de cumuler avec son premier métier la fonction de gardien de l’île Madame, un îlot plutôt, posé dans les eaux du Saint-Laurent, pas très loin de l’île d’Orléans. Ce n’est pas le paradis terrestre, mais ce n’en est pas loin: en tout cas, c’est tranquille. Et cela le reste avec l’arrivée de Marie, jeune femme singulière, adepte de la lecture ralentie (si, si... vous avez bien lu: pas rapide, ralentie) et dont la petite chatte Moustache s’entend parfaitement avec le Matousalem du traducteur.

Mais alors que chaque mois, les grandes marées amènent de nouveaux visiteurs – d’abord l’épouse du patron, mêle-tout  pleine de bonnes intentions, que Teddy et Marie s’empressent de surnommer Tête Heureuse, puis l’Auteur qui recommence inlassablement la première phrase de ce qui devrait devenir Le Grand Roman Américain, le professeur Mocassin, universitaire spécialiste de la la BD, et enfin, l’Homme Ordinaire qui a manifestement raté sa vocation de G.O. du Club Med... - les travers de la société humaine organisée prennent lentement mais sûrement pieds sur l’île. Et Teddy et Marie se voient insensiblement dépossédés de leur petit coin de (presque-)paradis.

Tendres et mélancoliques comme les autres livres de Jacques Poulin, tout à la fois sauvages et câlines à l’égal des chats qui les hantent, "Les grandes marées" se teintent aussi d’une indéniable amertume. Il n’y a pas de bonheur – si modeste soit-il – qui tienne face à l’avidité des hommes, ni aux histoires plus ou moins loufoques et fumeuses qu’ils se racontent pour se dispenser de vivre, tout simplement. Ainsi vont toutes choses humaines... Et le paradis n’est décidément pas de ce monde.

Extrait:

"Vous ne m’aimez pas beaucoup, reprit-il, mais quand j’aurai écrit mon livre, je suis certain que vous allez me voir d’une autre façon. Et pas seulement vous, les autres aussi.
Marie le regarda avec curiosité:
- Comme ça, quand on écrit un livre, c’est parce qu’on veut que les gens nous aiment ?
L’auteur ne répondit pas à cette question. Il regardait fixement la fille et il avait l’air de chercher quelque chose dans ses yeux noirs. Ensuite d’une voix qui avait perdu toute agressivité:
- L’écriture, c’est une drôle d’histoire, dit-il. Je peux vous en parler si vous n’êtes pas dans le feu." (p. 122)

D'autres livres de Jacques Poulin sont présentés sur Lecture/Ecriture.

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