Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Dans mon chapeau...
Dans mon chapeau...
15 janvier 2011

Le retour du fils prodigue

"Seuls" de Wajdi Mouawad,
mis en scène et interprété par l'auteur

Théâtre Royal de Namur, le 12 janvier 2011

En nous présentant Harwan, émigré libanais au Canada, étudiant la sociologie de l'imaginaire à Montréal, et préparant plus particulièrement une thèse consacrée aux solos de Robert Lepage - personnalité marquante de la scène québécoise dont la dernière oeuvre, en préparation, trouve par une sorte de mise en abîme son inspiration dans "Le retour du fils prodigue", toile de Rembrandt conservée au Musée de l'Hermitage à Saint-Pétersbourg -, Wajdi Mouawad entame "Seuls" sur un mode léger et même teinté de drôlerie que l'on n'attendait peut-être pas de lui - bien loin en tout cas de la violence qui parcourt "Incendies". On sourit souvent - et l'on n'aura guère de peine à se retrouver - face à son portrait d'un trentenaire bien d'aujourd'hui aux prises avec les arcanes des milieux universitaires et avec une famille - un père, une soeur - un tantinet envahissante.

467px_Rembrandt_Harmensz__van_Rijn___The_Return_of_the_Prodigal_Son

Rembrandt van Rijn, Le retour du fils prodigue, Musée de l'Hermitage, Saint-Pétersbourg (source)

Mais si les débuts de "Seuls" étonnent, il n'en découle nullement que l'on se retrouvera en terrain plus familier lorsque la pièce, à mi-parcours, se mettra à dériver, quittant ce qui relève d'une expérience communément partagée pour nous entraîner de plus en plus loin dans les hantises de son personnage (ou faut-il dire de son auteur?), de plus en plus profond dans le secret d'aspirations qui n'appartiennent qu'à lui. "Seuls" peut ainsi apparaître comme la succession de trois pièces différentes, s'étirant de surcroît en longueur, à l'aune du moins des dos endoloris cherchant leur place dans les jolis sièges de velours bleu du théâtre de Namur. Et ce n'est que dans les tout derniers instants de la représentation que les ultimes répliques viendront révéler enfin la cohérence de l'ensemble, apportant une conclusion qui, si rationnellement satisfaisante soit-elle, ne nous fera jamais oublier - et c'est là sans doute qu'est la véritable force de "Seuls" - ni l'inconfort - moral autant que physique -, ni les territoires désolés que nous aurons côtoyés entretemps, ni les émotions mêlées que nous aurons éprouvées à leur contact...

Présentation du spectacle, sur le site du Théâtre Royal de Namur.

Une interview de Wajdi Mouawad 

Publicité
Commentaires
Dans mon chapeau...
Publicité
Archives
Publicité