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Dans mon chapeau...
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4 février 2010

"Séismes intérieurs"

"Après le tremblement de terre" d'Haruki Murakami414E2H9B38L__SL500_AA240_
4 étoiles

10/18, 2007, 158 pages, isbn 9782264033796

(traduit du Japonais par Corinne Atlan)

C'est le grand tremblement de terre de Kobé – plus de 6000 morts et 40000 blessés le 17 janvier 1995 – qui amena Haruki Murakami, alors installé aux Etats-Unis, à rentrer au Japon. Et dans ce recueil de nouvelles – son premier livre publié après son retour au pays -, l'écrivain japonais nous livre six parcours peut-être pas très différents de ce qui fut le sien, six histoires dont les héros voient leurs vies peu ou prou bouleversées dans la foulée de ce tremblement de terre.

Les deux premières nouvelles – "Un ovni a atterri à Kushiro", le récit des quelques jours de vacances que Komura passe dans le Hokkaido alors que son épouse vient de le quitter soudainement et de demander le divorce, et "Paysage avec fer", portrait d'un groupe de personnages quelque peu paumés que le destin a rejetés sur une plage déserte – m'ont laissé malgré leur charme un petit goût de trop peu, de pas tout à fait achevé. Mais je me suis par la suite de plus en plus laissée prendre au jeu des autres nouvelles. Les développements oniriques de "Tous les enfants de Dieu savent danser" et de "Crapaudin sauve Tokyo" ont su me surprendre à l'égal des passages les plus étonnants de "Chroniques de l'oiseau à ressort" ou de "Kafka sur le rivage". Quant à "Thaïlande" et "Galette au miel", ces deux récits nettement plus réalistes sont aussi très touchants, retraçant la prise de conscience et d'une certaine façon la libération de deux héros qui s'étaient laissés prendre au piège, l'une par la haine, l'autre plus simplement par ses hésitations interminables...

Extrait:

"Junpei reprit l'avion, rentra à Tokyo, retourna à sa vie habituelle. Il n'alluma plus la télévision, ne lut pas les journaux. Quand on parlait du tremblement de terre, il se taisait. C'était l'écho d'un passé lointain qu'il avait enterré il y a trop longtemps. Il n'avait même pas remis les pieds dans cette ville depuis sa sortie de l'université. Pourtant, les scènes de dévastation entrevues sur l'écran de la télévision espagnole avaient ravivé une blessure profondément enfouie en lui. Cette catastrophe d'une ampleur inégalée, qui avait fait de nombreuses victimes, semblait avoir transformé tous les aspects de sa vie, sans bruit, mais de fond en comble. Junpei ressentait une profonde solitude, inconnue jusqu'alors. «Je n'ai pas de racines, se disait-il. Je ne suis relié à rien.»" (p. 149)

D'autres livres d'Haruki Murakami sont présentés sur Lecture/Ecriture.

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