L'esprit plutôt que la lettre
"Incendies" de Denis Villeneuve,
avec Lubna Azabal, Mélissa Désormaux-Poulin, Maxim Gaudette et Rémy Girard
Au moment d'adapter au grand écran les "Incendies" de Wajdi Mouawad, Denis Villeneuve a avoué à plusieurs reprises* avoir souhaité réaliser un film où les dialogues seraient réduits au strict minimum. C'est dire à quel point il était prêt à s'écarter de la lettre de la pièce de l'auteur libanais pour en tirer un bon film. Un film où les images auraient toute latitude de nous parler, de nous raconter leur part de l'histoire qui se joue devant nos yeux: cela devrait aller de soi, sans doute, puisque le cinéma est, à la base, un art de l'image, mais dans la masse de la production cinématographique actuelle, combien de cinéastes y a-t-il qui soient capables de proposer à leurs spectateurs des images véritablement chargées de sens? Quel que soit leur nombre, Denis Villeneuve est incontestablement l'un d'entre eux. Et son adaptation d'"Incendies", si elle s'écarte fortement de la lettre du texte de Wajdi Mouawad, tient pourtant la gageure de lui être fidèle en esprit. Servis par des comédiens formidables - Lubna Azabal en tête -, ces "Incendies" ont donc toutes les qualités d'une adaptation réussie, et mieux, d'un vrai grand film, tout simplement.
* voir par exemple cet entretien paru dans Télérama