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Dans mon chapeau...
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27 août 2009

Accompagner la migration des faucons pèlerins

"Rites d’automne" de Dan O’Brien41xXhYqgfJL__SL160_AA115_
3 ½ étoiles

Au diable vauvert, 2009, 295 pages, isbn 9782846261852

(traduit de l’Anglais par Laura Derajinski)

Deux ans après la publication des "Bisons du Cœur-brisé"* où il nous racontait les débuts de son élevage de bisons dans les grandes plaines du Dakota, les éditions Au diable vauvert nous permettent de retrouver Dan O’Brien pour un grand bol d’air pur en rééditant un de ses premiers livres, "Rites d’automne", déjà paru une première fois en traduction française en 1991.

En nous livrant le récit de son voyage du Wyoming vers le golfe du Mexique, en compagnie d’un jeune faucon dont la "réintroduction" en milieu naturel vient d’être mise en échec par la présence trop proche et menaçante d’un aigle royal, Dan O’Brien fait œuvre de biologiste et de militant pour la protection du monde sauvage bien plus que d’écrivain. Il n’est pas question ici de raconter joliment une belle histoire, mais bien de faire passer un message aussi efficacement que possible. De battre en brèche ce que l’auteur qualifie, avec un sens affirmé de la formule qui fait mouche, de "biologie à la Walt Disney" (p. 220). Et de dénoncer l’aveuglement avec lequel trop de ses contemporains refusent de prendre conscience de leur responsabilité – par leurs modes de consommation, ou en choisissant de s’installer dans des régions encore sauvages seulement quelques années plus tôt – dans la disparition de certaines espèces sauvages.

"Rites d’automne" n’est pas un récit optimiste: certains dommages, une fois infligés, sont irréparables. Mais malgré cela, et en dépit de l’écriture qui en paraît peu soignée, j’ai trouvé un vrai plaisir à ma lecture: celui de la découverte du monde inconnu des oiseaux d’Amérique du Nord. Et bien sûr une grande bouffée d’oxygène!

Extrait :

 

"Pourquoi le faucon pèlerin ? me suis-je demandé. La question n’était que rhétorique. J’en connaissais la réponse : elle était dans ma tête, dans les journaux et dans les livres que j’avais achetés pour feuilleter tandis que je passais du temps aux côtés de Dolly. Le pèlerin règne sur l’imagination humaine car il est source d’inspiration. Sa beauté est raffinée. Les adultes ont le dos couvert de plumes d’un noir bleuté – chacun possédant un dégradé différent – et le poitrail large d’un blanc saumoné tacheté de noir. J’ai observé Dolly dans son plumage immature sombre, ses pattes d’un jaune virant au bleu, ses longs doigts fins, ses ongles d’ébène. A cet instant, elle a levé une patte pour se gratter le menton avec autant de délicatesse qu’une femme se frotterait le nez à une soirée mondaine. La patte toujours en l’air, elle a tiré délicatement sur la petite sonnette attachée à son tarse. Elle s’est tournée vers moi et ses yeux noirs m’ont transpercé. Si les yeux sont le miroir de l’âme, celle du pèlerin est profonde et majestueuse. On y trouve des rivières bouillonnantes, dans ces yeux, des montagnes, des océans, et la volonté intense de les intégrer à son propre environnement." (pp. 46-47)

* Ce livre a récemment été réédité dans la collection Folio sous le titre "Les bisons du Broken Heart".

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Commentaires
F
Je garde moi aussi un très bon souvenir de "L'esprit des collines" que j'avais lu... il y a fort longtemps. Et dans un esprit assez proche, j'ai découvert plus récemment avec un vrai bonheur "Les sortilèges de l'ouest" de Rob Schultheis (billet à venir prochainement). On ne se lasse pas de ces grands espaces ;-)...
E
Ja'i lu aussi de Dan O'Brien Brendan Prairie,Au coeur du pays,L'esprit des collines.L'oxygène de ces auteurs "grands espaces" fait beaucoup de bien.Et merci de votre visite.A bientôt.
D
C'est une lecture magnifique, j'ai commencé par celui ci à sa sortie, vous dites 1991 et je vous crois sur parole mais ça me donne un coup de vieux là !!<br /> ces deux livres ont une place dans mon petit panthéon personnel non à cause d'une qualité d'écriture extraordinaire mais pour l'humanisme qui les imprègne et le respect pour la nature et les hommes superbes
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