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Dans mon chapeau...
Dans mon chapeau...
18 septembre 2009

Intéressant...

019167"Esther Kahn" d'Arnaud Desplechin,
avec Summer Phoenix et Ian Holm

Dernier film visionné cet été dans le cadre de l'écran total, "Esther Kahn" du cinéaste français Arnaud Desplechin (qui s'était aussi vu offrir par l'Arenberg une carte blanche, laquelle m'avait permis de découvrir "Maris et femmes" de Woody Allen) nous entraîne dans une ville de Londres grisâtre et enfumée pour y suivre le parcours d'Esther Kahn (une excellente Summer Phoenix), jeune fille née dans une famille juive aussi exubérante que pauvre, et qui n'aspire qu'à un seul but: devenir comédienne. La chose n'était pas plus facile au XIXème siècle qu'aujourd'hui, et la route d'Esther sera semée d'embûches mais aussi éclairée par les leçons d'art dramatique que lui prodigue son mentor, un vieux comédien incarné par Ian Holm - leçons qui sont aussi le prétexte à une réflexion sur le théâtre, l'illusion, l'art et la vie...

Le sujet a de quoi fasciner, et le traitement qu'en donne Arnaud Desplechin surprend par son caractère très statique que vient encore renforcer un commentaire en voix off. Même si le plus surprenant reste sans doute la musique d'Howard Shore, qui aurait sans doute fort bien convenu à la bande-son des aventures de Jason Bourne, ou à l'adaptation de l'un ou l'autre roman de John Le Carré mais qui tombe ici comme un cheveu sur la soupe. Ce décalage était peut-être délibéré, mais il ne m'a pas du tout convaincue! Et au final, "Esther Kahn" est un film qui certes étonne, désarçonne, et donne à réfléchir, mais dont le bien qu'on peut en dire s'énonce comme de soi-même du bout des lèvres. Un film intéressant, en somme, plutôt que franchement enthousiasmant.

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13 septembre 2009

Atermoiements conjugaux

afte"Maris et femmes" de Woody Allen,
avec Mia Farrow, Judy Davis, Sidney Pollack et Woody Allen

Sorti en salles en 1992, "Husbands and wives" s'inscrit dans la veine new yorkaise et psychanalytique de Woody Allen, qui n'est pas celle que je préfère car elle a donné naissance à quelques opus horriblement bavards et - oui, j'ose - ennuyeux. Je dois donc avouer que j'ai hésité à aller voir ce film-ci, proposé au programme de l'écran total dans le cadre d'une carte blanche accordée au cinéaste français Arnaud Desplechin. Et en fin de compte, je ne regrette pas du tout de l'avoir fait!

Sur le thème ultra-classique des relations conjugales et de leur inextricable sac de noeuds mêlant confort et lassitude, Woody Allen nous offre ici une comédie fort drôle sans - au fond - l'être du tout, et où le comique est plus que tout l'affaire d'un impeccable sens du rythme. Les acteurs - Mia Farrow et Woody Allen, Judy Davis et Sidney Pollack, renforcés par Liam Neeson et Juliette Lewis en seconds rôles - sont parfaits: émouvants, irritants voire insupportables, bref, très humains. Et même si "Husbands and wives" n'est pas devenu mon Woody Allen préféré, je ne me suis pas le moins du monde ennuyée au long de son heure et trois quarts d'heure.

D'autres films de Woody Allen, dans mon chapeau: "Match Point", "Accords et désaccords" et "Whatever works"

31 août 2009

Yakuza-san va à la plage

18476821"Sonatine" de et avec Takeshi Kitano

Retour à l'écran total* et au cycle "Vingt ans, vingt réalisateurs" où l'année 1993 est représentée par Takeshi Kitano et son étonnante "Sonatine", qui s'annonce comme un film de genre avant d'emprunter des chemins de traverse.

Tout commence en effet en pleine scène de racket, Takeshi Kitano incarnant Murakawa, le lieutenant d'un big boss de la mafia tokyoïte, menant pendant son temps libre ses propres et juteuses petites affaires. Et voilà que le big boss décide d'envoyer Murakawa et ses hommes pour négocier la fin d'une guerre des gangs sur l'île d'Okinawa, ce qui sent le coup fourré à plein nez - et pour cause! La suite semble prévisible et il est vrai que par moment, ça pam pim pouf et rakatakata pas mal. Mais les scènes de violence résonnent ici à l'égal d'un coup de foudre dans un ciel serein, tandis que Murakawa et sa bande coulent quelques journées tranquilles dans une maisonnette isolée en bord de mer, passant leur temps entre frisbee, combats de sumo pour de rire et châteaux de sable... Juste avant "Hana Bi" qui devait asseoir définitivement la réputation de Takeshi Kitano comme réalisateur, "Sonatine" se révèle un film insolite par son atmosphère le plus souvent idyllique, et en bref, une jolie surprise.

*Non, je ne parle toujours pas de la crème solaire, bien inutile dans les salles obscures. Pour plus d'explications, c'est ici.

Et pour le programme complet du festival "Ecran total" et toutes les informations pratiques, c'est là.

23 août 2009

Un mélodrame tragique et flamboyant

19085843"Etreintes brisées" de Pedro Almodovar,
avec Penélope Cruz, Blanca Portillo et Lluis Holmar

Pedro Almodovar a toujours manifesté un penchant certain pour le mélodrame, mais il lui a rarement laissé aussi libre cours que dans son dernier film en date: ces "Etreintes brisées" flamboyantes et essentiellement tragiques, qui se veulent autant un hommage au septième art que le récit de l'amour d'un réalisateur pour son actrice principale.

L'humour, si souvent présent en filigrane dans le cinéma de Pedro Almodovar, se voit ici cantonné dans les scènes de tournage (où l'on reconnaîtra d'ailleurs de larges extraits du troisième film du réalisateur espagnol: "Femmes au bord de la crise de nerf") pour laisser le champ complètement libre au récit d'une passion tragique dont on découvre d'entrée l'ampleur des ravages qu'elle a causés, la narration passant ensuite continuellement du présent au passé, avec une virtuosité qui a le bon goût de se faire oublier. C'est un très bon cru de Pedro Almodovar, même s'il s'y révèle plus sombre qu'à l'accoutumée...

18 août 2009

Elégie pour une cité disparue

19041243_w434_h_q80"Of time and the city" de Terence Davies
(documentaire)

Après deux premiers longs métrages remarqués, "Distant voices, still lives" et "Long day closes", où il évoquait déjà la Liverpool ouvrière de son enfance, Terence Davies s'était quelque peu éloigné de sa ville natale en portant à l'écran les livres de deux auteurs américains. Et si son adaptation de "La bible de néon" de John Kennedy Toole était à bien des égards un film touchant, "The House of Mirth" (en V.F.: "Chez les heureux du monde"), d'après le roman d'Edith Wharton, s'est vu littéralement sabordé par une monumentale erreur de casting - Gillian Anderson incarnant Lily Bart avec toute la souplesse et la sensibilité d'un manche de brosse.

Son nouveau film, "Of time and the city", marque donc son retour à ses premières amours: la famille, la musique - Mozart, Mahler... mais pas les Beatles qui ne font qu'une apparition-éclair. Et bien sûr Liverpool dont il nous offre ici un portrait intimiste en forme d'élégie pour les quartiers ouvriers pauvres mais chaleureux de l'immédiat après-guerre qui ont depuis lors cédé la place à de sinistres tours HLM... Ce sont cinquante années de la vie d'une ville retracées avec un art consommé du collage dont surgit une vision totalement originale et personnelle, à l'instar de ce qu'avait fait Hélène Frappat dans son récit "Sous réserve": collage d'images d'archives et de prises de vue contemporaines, collage aussi des mots de Terence Davies et de ceux des poètes, T.S. Eliot, Emily Dickinson, James Joyce ou Anton Tchékhov... Le ton se fait tour à tour caustique, tendre ou mélancolique sans pourtant jamais sombrer dans la sinistrose. Car ce film-hommage à une cité disparue est aussi traversé, continuellement, par les silhouettes de bambins sommeillant dans leurs poussettes ou trottinant d'un pas encore mal assuré. Car "Of time and the city" est aussi le portrait d'une ville dont l'avenir reste à écrire...

C'est un film comme aucun autre. Un film que nul autre que Terence Davies n'aurait pu réaliser. Et c'est, aux côtés de "Two lovers" de James Gray, un des plus beaux films de l'année. Il n'est pas du tout distribué comme il le mériterait. Mais ne le ratez pas s'il passe près de chez vous!

Le site officiel du film

Et le site de l'écran total, où "Of time and the city" était présenté dans le cadre du cycle "documentaires".

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7 août 2009

Temps de crise

afte"La messa è finita" de Nanni Moretti,
avec Enrica Maria Modugno, Marco Messeri et Nanni Moretti

Retour à l'écran total * et à son cycle "20 ans, 20 réalisateurs" qui nous ramène cette fois à l'année 1985 en compagnie de Nanni Moretti. On retrouve ici le réalisateur italien en même temps devant et derrière la caméra, selon son habitude, pour ce qui est sans doute un de ses plus beaux films: âpre et lumineux, triste, amer et pourtant drôle.

Enfilant la soutane d'un jeune prêtre rappelé à Rome, sa ville natale, après quelques années passées à veiller sur une petite paroisse bien tranquille, Nanni Moretti nous offre un très beau portrait, non pas d'un homme en proie à une crise de vocation - ce n'est pas de cela qu'il s'agit ici -, mais bien plutôt d'une société en perte de repères. Car en rentrant chez lui, Don Giulio (re)découvre ses proches en pleine crise. Son père vient de décider de quitter la maison familiale pour refaire sa vie avec une femme plus jeune, en fait une amie de sa fille qui, elle, vient de se mettre en tête d'avorter et de rompre avec son petit ami. Du côté des amis d'enfance, ce n'est guère plus brillant: l'un, dépressif, ne sort plus de sa maison où il refuse presque toute visite, l'autre est en proie à toute l'exaltation d'une conversion religieuse pour le moins suspecte, et un troisième, soupçonné d'appartenir à une organisation terroriste, est en prison... Et en un mot comme en cent, Don Giulio se trouve très vite débordé par cette situation, ne sachant comment aider tout ce petit monde qui, d'ailleurs, ne veut pas de ses bons offices!

"La messa è finita" est une comédie, certes. Elle nous fait souvent venir le sourire aux lèvres, par son sens du rythme et par de subtils téléscopages. Mais c'est surtout un film intemporel, douloureux et sensible, qui mérite largement d'être (re)découvert.

* Non, pas la crème solaire! Pour plus d'explications, c'est ici.

27 juillet 2009

La bande à Robert

033575"A la vie, à la mort!" de Robert Guédiguian,
avec Ariane Ascaride, Jean-Pierre Daroussin, Jacques Gamblin et Gérard Meillan

Avec l'arrivée des belles journées d'été, c'est réglé comme du papier à musique, la saison théâtrale se termine et les programmes TV se désertifient. Mais heureusement, l'été c'est aussi la saison de l'écran total. Non, pas la crème solaire. Mais le festival de cinéma, organisé par l'Arenberg-Galeries et qui en vingt ans s'est imposé comme une véritable institution bruxelloise. Des derniers jours de juin aux premiers jours de septembre, l'Arenberg nous propose une programmation aussi diverse que passionnante, mêlant classiques (Losey, Hitchcock, Satyajit Ray, Ingmar Bergman...), inédits (avec un coup de projecteur sur les films sélectionnés pour la Quinzaine des réalisateurs au dernier festival de Cannes), documentaires et quelques reprises de l'année écoulée (le très beau film de James Gray "Two lovers" que je ne pourrais trop vous recommander).

C'est à ce festival que je dois sans doute quelques unes des plus belles découvertes cinématographiques de mon adolescence: celles qui m'ont fait aimer le cinéma, "L'eclisse", "Les fraises sauvages", "La soif du mal", "Kes" mais aussi des chefs-d'oeuvre inconnus tels "The shade" de Raphaël Nadjeri... Et cette année, vingtième anniversaire oblige, une section supplémentaire a été ajoutée au programme. "Vingt ans, vingt réalisateurs" retraçant vingt ans de cinéma à travers vingt films. Et pour l'année 1995: "A la vie à la mort!", sixième film et premier vrai succès public où Robert Guédiguian retrouve, une fois de plus, son quartier de l'Estaque et sa bande de fidèles. Ariane Ascaride, Jean-Pierre Daroussin et Gérard Meillan, ici renforcé par Jacques Gamblin infiniment vulnérable et touchant, donnent chair à un groupe d'amis gravitant autour du cabaret du Perroquet bleu, dont l'enseigne de néon jette ses derniers feux. Tous sont aux prises avec le chômage et les fins de mois difficiles, mais font face avec une solidarité indéfectible et cet optimisme délibéré qui relève de la combativité. Comme souvent chez Guédiguian, "A la vie, à la mort!" hésite entre la douceur de vivre et l'amertume qui, ici, l'emporte dans les dernières images. C'est véritablement poignant...

A lire, sur la toile, un article consacré à "A la vie, à la mort!".

Et pour le programme complet de l'écran total et toutes les informations pratiques, c'est ici.

16 juillet 2009

Nonagénaires en goguette

19056835"Le déjeuner du 15 août (Pranzo Di Ferragosto)" de Gianni di Gregorio,
avec Gianni di Gregorio, Luigi Marchetti, Valeria di Franciscis, Maria Cali, Marina Cacciotti et Grazia Cesarini Sforza

Rome, au milieu du mois d'août, c'est le désert. Tous les habitants qui le peuvent sont partis, laissant le champ libre aux touristes que l'on reconnait très facilement: sont tout blancs, lavés à l'eau de javel! Mais Gianni, lui, est resté pour prendre soin de sa maman, fringante (enfin, plus ou moins!) nonagénaire. Et en fait, il y a des années que ça dure, que Gianni ne travaille plus, que l'argent ne rentre pas et que les dettes s'accumulent notamment vis-à-vis de la co-propriété de l'immeuble qui les menace d'expulsion. Autant donc dire tout de suite que Gianni n'a pas le choix lorsque le gérant de l'immeuble lui propose de prendre en pension sa maman elle aussi nonagénaire, en échange de l'effacement d'une bonne part de son ardoise pharaonique! Et de fil en aiguille, ce n'est pas de deux mais bien de quatre petites dames aussi pétillantes de vie qu'elles ne sont accablées de rhumatismes que Gianni devra prendre soin avec la complicité de son ami le Viking.

Ces dames - faut-il le dire - lui en feront voir de toutes les couleurs: la première se relevant la nuit pour dévorer en catamini le restant des pasta al forno, pendant qu'une autre fait le mur pour se fumer tranquillement une cigarette à la fête du quartier. On ne s'ennuie pas une minute au récit de cette co-habitation d'abord un peu forcée puis de plus en plus chaleureuse, et ce "déjeuner du 15 août" s'impose d'un bout à l'autre comme un festin sans prétention mais tout à fait savoureux!

4 juillet 2009

Retrouvailles familiales

19062293"Still walking" de Hirokazu Kore-Eda,
avec Hiroshi Abe, Yoshio Harada et Kirin Kiki

Le précédent opus de Hirokazu Kore-Eda - le très bon "Nobody Knows" - est  avant tout resté dans ma mémoire comme l'un des films les plus littéralement plombants qu'il m'ait jamais été donné de voir. Et je ne pouvais sans doute pas imaginer de contraste plus frappant qu'entre ce film et la dernière oeuvre en date du réalisateur japonais. Car "Still walking" est un vrai petit moment de bonheur cinématographique, d'une grande douceur même si l'ombre n'en est pas absente.

Comme chaque année, à la même époque depuis quinze ans, la famille Yokohama s'est réunie pour commémorer la mort accidentelle du fils aîné. C'est l'occasion de resserrer les liens familiaux, affaiblis par la distance, mais aussi de laisser affleurer - oh, à peine - les vieilles rancoeurs, car le jeune frère et la soeur du disparu n'ont pas oublié que celui-ci était sans conteste le fils préféré... Hirokazu Kore-Eda a déployé une infinie délicatesse et une grande finesse d'observation pour nous restituer les relations entre les membres de cette famille, à la fois unie et divisée - une famille au fond comme  beaucoup d'autres -, tout au long de cette belle journée d'été. Et le résultat est un bijou que vous auriez bien tort de bouder!

19 juin 2009

Une lente montée des émotions

19086684"London River" de Rachid Bouchareb,
avec Brenda Blethyn et Sotigui Kouyaté

Elisabeth, agricultrice à Guernesey, et Ousmane, qui a quitté son Afrique natale pour se fixer en France où il est devenu garde forestier - la première chrétienne, le second musulman -, sont sans nouvelle de leurs enfants, installés à Londres, depuis le matin du 7 juillet 2005 et les attentats qui ont ensanglanté la capitale britannique.

Au fil de leurs errances inquiètes dans la ville endeuillée, leurs chemins se croisent et se recroisent à plusieurs reprises. Et petit à petit, ces deux êtres apeurés - chacun pour des raisons complexes, qui sont un peu différentes mais aussi un peu les mêmes - en viennent à s'apprivoiser. La rencontre l'emporte ainsi sur la peur de l'autre dans ce film sobre, presque serein par moments mais finalement déchirant, les émotions y montant lentement, et comme à retardement, pour ne prendre que plus de force.

Vu il y a peu de temps encore au cinéma, et déjà diffusé sur Arte ce mardi soir, "London River" est de ces films qui s'imposent discrètement mais durablement, fixant sur la pellicule l'esprit d'un temps troublé - temps de douleur et plus encore temps marqué par la peur - d'un regard humaniste sans aucune naïveté. Bien loin de l'hystérie d'une bande-annonce à mon sens complètement ratée, c'est simplement poignant. Et surtout, surtout: d'une justesse parfaite et par là-même inoubliable.

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