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Dans mon chapeau...
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25 mai 2009

Les 1001 visages d’une humanité en pleine débâcle

"Le compagnon de voyage" de Curzio Malaparte416HADnNTkL__SL160_AA115_
4 ½ étoiles

Quai Voltaire, 2009, 109 pages, isbn 9782710330905

(traduit de l’Italien par Carole Cavallera)

Septembre 1943: les troupes alliées débarquent en Italie et le pays s’enfonce dans la débâcle. Çà et là, quelques groupes de soldats tentent encore une vague résistance, parmi lesquels le lieutenant Cafiero qui, avant de se faire tuer dans ce dernier - et inutile – combat, a tout juste le temps de demander à son ordonance, le chasseur alpin Calusia qui ne peut qu’accéder à sa prière, de ramener son corps à sa famille, à Naples.

C’est le périple improbable de Calusia, et de l’âne Roméo chargé de la lourde caisse en bois contenant la dépouille mortelle du lieutenant, de Reggio de Calabre jusqu’à Naples, que Curzio Malaparte nous raconte dans ce récit très visuel et étonnament vivant. Ce sont autant de visages d’une humanité un peu perdue qui se révèlent en autant de brèves saynètes: le pire – l’avidité des trafiquants du marché noir et des mères maquerelles toutes prêtes à profiter de la détresse des jeunes orphelines et veuves que la guerre a laissées seules – comme le meilleur, et ses simples gestes de compassion et de courage.

Ce "compagnon de voyage", que Curzio Malaparte a retravaillé à plusieurs reprises entre 1946 et sa mort, en 1957, est longtemps resté inédit. Mais il n’a vraiment rien d’un fond de tiroir. La plume de Malaparte s’y fait vive, rapide, colorée. Et ce récit entraîne et captive tout autant qu’il émeut. Bref, c’est une magnifique occasion de (re)découvrir un des grands auteurs italiens de la première moitié du XXème siècle!

Extrait:

"Les heures et les jours passent uniformes, tranquilles, en travaux de reforcement de la minuscule casemate, fragile et improvisée: l’un creuse une tranchée, l’autre peint sur des planchettes les signaux réglementaires, les mots «Cuisine», «Latrines», «Poste de commandement», «Dépôt de munitions», «Bureau de la compagnie», etc.

Quinze hommes, avec le lieutenant: un homme d’une trentaine d’années, maigre, pâle, soigneux de son uniforme et de sa personne, aux manières aimables et distantes à la fois, distraites, qui s’efforce de ressembler à un vieux modèle d’officier consacré par une longue tradition mais passé de mode aujourd’hui et dont les derniers exemples remontent à la guerre de 1915." (p . 18)

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Commentaires
F
Je dois avouer que je ne connais pas très bien Malaparte: je n'ai lu ni "Kaputt", ni "La peau". Mais ce compagnon de voyage m'a vraiment emballée: c'est très vivant, débordant d'humanité et très agréable à lire.
D
J'ai vu ce livre sur les présentoirs mais mes lectures de Malaparte m'ont laissé des souvenirs mitigés, je n'ai pas aimé "Kaput" et encore moins "la peau" j'ai donc passé mon tour ...ce billet me donne quelques regrets
Dans mon chapeau...
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