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Dans mon chapeau...
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30 décembre 2010

Une danse des bas-fonds

"Ego tango" de Caroline De Mulder31aji1cpryL__SL500_AA300_
4 étoiles

Editions Champ vallon, 2010, 217 pages, isbn 9782876735330

"Tout commence vraiment par les chaussures, rangées dans ses sacs exprès, veloutés ou satinés. Nous en changeons sitôt arrivées, laissant loin derrière l’hiver et la lumière basse et le cuir mouillé des jours de semaines. Nous perchons sur nos escarpés de jolies folles, nous nichons à des hauteurs épineuses, nous nous berçons, enlevées. Plus grandes que nous-mêmes, des gamines debout sur une chaise, et les hanches serrées de près, des oiseaux juchés sur des béquilles." (p. 21)

Une libération du poids du quotidien, un autre rapport au corps ou encore une forme d’équilibre. Voilà en peu de mots ce que l’héroïne de ce premier roman très maîtrisé recherchait, plus ou moins confusément, dans la pratique du tango, le tango dont elle nous confie qu’il "était tout ce que je n’étais pas (…)" (p. 34). Mais elle y trouvera pourtant tout autre chose, et c’est bien là le sujet d’"Ego tango": une passion dévorante, une forme de dépendance ou d’addiction - qui n’a rien à envier, sans doute, à celle créée par l’alcool, la cigarette ou l’une ou l’autre poudre délétère -, destructrice, à force.

C’est que sous la plume effilée, et dans la prose rythmée, scandée et palpitante, de Caroline De Mulder, le tango, que l’auteur a elle-même pratiqué intensément pendant quelques années, redevient ce qu’il était aux origines: une danse des bas-fonds, la danse des ouvriers des abattoirs et des bordels, la danse des filles perdues et des mauvais garçons qui les exploitent sans vergogne, un espace où se perdre – peut-être – sans retour.

Extrait:

"Alors toi aussi, un avant et un après (le tango du côté de l’après). Une vraie communion et deux tronçons de vie, dont la seconde censément plus glorieuse. Tous les soirs la même histoire: c’est à se demander ce que je faisais avant. Le tango est une revanche dont je ne peux plus me passer; je me sens grandie d’autant que je fais tourner toutes les têtes. La vraie vie n’existe plus. Rien dehors, ici diosa, ils disent déesse. Je suis ce que j’aurais pu être. Moi qui ai les mains vides et les yeux plus grands que le cœur." (pp. 71-72)

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