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Dans mon chapeau...
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19 septembre 2010

Derniers feux avant l'automne

"Une saison d'été" d'Elizabeth Taylor51V2S7CT7DL__SL500_AA300_
4 étoiles

Rivages/Poche, 2000, 278 pages, isbn 286930921x

(traduit de l'Anglais par Anne Rabinovitch)

Veuve, mère d'un grand fils, Tom, et d'une fille adolescente, Louisa, Kate s'est remariée – à la plus grande surprise de son entourage – avec Dermot, séduisant dilettante de dix ans son cadet, que tout le monde - ou presque - soupçonne bien à tort de l'avoir épousée par intérêt.

Mais Kate et Dermot ont beau s'aimer sincèrement, le regard que leurs proches portent sur leur union – la mère de Dermot qui n'a de cesse de dénicher pour son fils les emplois les plus improbables, ou la tante Ethel, vieille fille atrocement convenable dont les commentaires sur la passion sexuelle qu'elle prête à sa nièce et à son nouveau mari ne manquent pas de sel, à défaut de s'appuyer sur une réelle expérience - n'en finissent pas moins par peser sur leurs relations. Et leurs différences – leurs différences de tempéraments, de goûts et d'intérêts bien plus que l'écart de leurs années – n'en finissent pas moins par les rattraper, d'autant plus vite que le retour d'un vieil ami de Kate et de son premier époux vient faire office, en la matière, de véritable révélateur.

Elizabeth Taylor déploie une grande finesse, et beaucoup de sensibilité, pour nous dépeindre ce bonheur d'un été, ses craquelures d'abord presqu'imperceptibles, la confusion des sentiments et les tensions de plus en plus palpables, laissant affleurer sous la douceur trompeuse de la campagne anglaise une tristesse sans grandes phrases, et les drames minuscules et ordinaires de nos vies trop humaines. Et c'est une fort jolie découverte que cet auteur que je retrouverai certainement à l'avenir.

Extrait:

"Dermot avait à peine rempli son verre qu'il était déjà en train de s'en servir un second. Kate regarda Tom qui le rejoignit près de la table. «Ton nouveau mari nous donne le mauvais exemple, à nous autres jeunes», lui avait-il dit une fois. Sa plaisanterie, comme beaucoup d'autres, avait suscité chez Kate un sentiment de honte et d'anxiété. Préparée au début à entrer dans la peau de la mère de Hamlet, prête à éprouver rancoeurs et amères jalousies, elle fut stupéfaite de découvrir une situation inverse, l'extraordinaire et inattendue affection mêlée d'admiration de Hamlet pour Claudius – alliés sur les champs de courses, compagnons de bar, ils se moquaient de ceux qu'ils appelaient leurs supérieurs et paraissaient être du même âge, malgré cette adoration unilatérale." (p. 35)

D'autres livres d'Elizabeth Taylor sont présentés sur Lecture/Ecriture.

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