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Dans mon chapeau...
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15 juin 2010

Des vies très ordinaires

"Scènes de vie villageoise" d’Amos Oz51XPY4NiyRL__SL500_AA300_
3 étoiles

Gallimard/Du monde entier, 2010, 203 pages, isbn 9782070127214

(traduit de l’Hébreu par Sylvie Cohen)

Le temps de huit nouvelles, Amos Oz nous invite à partager quelques moments de la vie de huit des habitants de Tel-Ilan. Un temps d’attente en compagnie de Gili Steiner, la très compétente doctoresse du village, dont le neuveu Gideon devrait arriver par le prochain bus ("Les proches"). Un temps d’émoi amoureux en compagnie d’un jeune adolescent, Kobi Ezra, qui s’efforce de rassembler assez de courage pour avouer ses sentiments à sa bibliothécaire préférée ("Les étrangers"). Un moment musical, le temps d’une soirée consacrée au chant choral chez les Levine ("Chanter")…

Depuis sa fondation par des pionniers juifs, avant même la création de l’état hébreu, Tel-Ilan est resté un village très tranquille et champêtre, dont les habitants vivent avant tout de l’agriculture. Et le développement de la spéculation immobilière et d’un tourisme du week-end n’ont pour l’essentiel pas changé ce mode de vie, en dépit des efforts de l’agent immobilier du coin, Yossi Sasson, héros malheureux de la nouvelle "Perdre" qui flirte avec une sorte de fantastique inabouti, de mystère inquiétant et irrésolu, tout comme d’ailleurs "Les héritiers" ou "Attendre".

La vie est si tranquille à Tel-Ilan, que seuls viennent l'animer quelque peu les cancans suscités par Rachel Franco, une veuve encore jeune, enseignante au lycée local, et son pensionnaire, un étudiant arabe fils d’un ami de son défunt mari, venu se mettre au vert pour préparer ses examens et surtout travailler à un projet de livre, une étude comparative de la vie dans un village juif et un village arabe ("Creuser")… Mais pour tout dire, la vie à Tel-Ilan, la vie dans tous ces petits villages agricoles qu’ils soient juifs ou arabes, est si tranquille, si ordinaire, qu’il n’y a guère de différences entre les uns et les autres. Et Amos Oz a si bien réussi à fixer sur le papier cette vie si tranquille et ordinaire que je dois avouer m’être un petit peu ennuyée à la lecture de ces "Scènes de vie villageoise" pourtant si finement observées et tracées d’une plume dont l’élégance ne tombe jamais en défaut.

Extrait:

"La maison et ses dépendances, ce village lugubre, sa vie qu’elle gâchait entre ses élèves qui bâillaient d’ennui et son père assommant tapaient sur les nerfs de Rachel. Jusqu’à quand allait-elle rester coincée ici? Ne pourrait-elle prendre le large un de ces jours ? Elle embaucherait une infirmière pour veiller sur le vieillard et confierait la propriété au jeune étudiant. Elle reprendrait sas études et terminerait sa thèse sur l’illumination et la révélation dans l’œuvre d’Izhar et d’Amalia Kahana-Carmon. Elle renouerait avec d’anciennes relations, voyagerait, irait à Bruxelles et en Amérique voir Osnath et Yipheath, elle recommencerait à zéro et changerait de vie du tout au tout." (p. 84)

D'autres livres d'Amos OZ, dans mon chapeau: "Une histoire d'amour et de ténèbres", "Les voix d'Israël", "Mon Michaël" et "Un juste repos"

Et d'autres encore sur Lecture/Ecriture

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Commentaires
E
Je l'ai chroniqué il y a peu et sauf la dernière nouvelle j'ai été touché par cette sorte d'ennui feutré riche de toutes ces vies.Nous sommes donc à peu près d'accord.
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