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Dans mon chapeau...
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11 janvier 2010

Une Chine fantasmée

"L’éternité de l’instant" de Zoé Valdés41BSTwQfYZL__SL160_AA115_
3 étoiles

Gallimard/Folio, 2008, 401 pages, isbn 9782070358571

(traduit de l’Espagnol par Albert Bensoussan)

Troisième étape de mes retrouvailles avec Zoé Valdés, auteur des mois d'octobre et novembre 2009 sur Lecture/Ecriture.

Le grand-père de Zoé Valdés était d’origine chinoise, et la romancière cubaine nous convie ici à retracer les pas de son aïeul, remontant le fil de leur histoire familiale à travers l’évocation du sort des ouvriers chinois "importés" massivement dans les Caraïbes où ils vécurent un véritable esclavage, et jusqu’à leurs lointaines racines asiatiques.

Le récit procède par sauts et par bonds, dans un désordre apparent, reflet des failles de la mémoire de Maximiliano Megía qui autrefois s’est appelé Mo Ying, dans la petite ville du Sichuan où il avait grandi, dans une famille d’artistes. Reflet aussi des tours et détours de la charade sino-cubaine, jeu de hasard venu de Chine puis adapté à Cuba et où les joueurs – tout comme parfois les héros de "L’éternité de l’instant" – se laissent guider par leurs rêves. L’onirisme et le fantastique viennent ainsi se mêler à l’histoire familiale au fil d’un roman qui regorge de surprises et de rebondissements.

Je ne me suis pas ennuyée une minute, et j’ai été touchée par les rapports, tendres et un peu fous, qui se nouent sur le tard entre Maximiliano Megía et sa petite-fille Lola - sans doute l’alter ego de l’auteure. Mais je n’ai pas pu croire à leur histoire, ou en tout cas pas vraiment. Dès les premières pages, je suis restée sur le pas de la porte, incrédule, face à la Chine fantasmée, dans les premiers temps vraiment trop belle pour être vraie – trop sage, trop sereine, trop parfaite -, où Zoé Valdés nous emmène faire la connaissance des futurs parents de Maximiliano-Mo Ying. Et d’un bout à l’autre, "L’éternité de l’instant" m’a laissée sur cette même impression en demi-teinte.

Extrait:

"Cependant, sa mémoire lui tendait de terribles pièges, tentait sur l’échiquier de mauvais coups au lieu de stratégies. Maximiliano ne parvenait pas à replacer en ordre chronologique les années, confondant l’avant et l’après, ce qui brouillait encore plus son esprit et le faisait sortir de ses gonds. Irrité, il s’abandonna à la pipte d’opium; la placidité que lui apportait la drogue situait son passé en terrain neutre, là où la chronologie n’avait plus la moindre importance, car c’était saisir l’événement qui devenait réellement indispensable, le revivre, en jouir à distance jusqu’à sa plus haute expression; après quoi il transmettait tout cela à Lola, grâce au pouvoir de l’imagination et de l’écriture." (pp. 260-261)

Une interview de Zoé Valdés, parue à l'occasion de la publication de "L'éternité de l'instant".

D'autres livres de Zoé Valdés, dans mon chapeau: "Soleil en solde", "Une Habanera à Paris", "Café Nostalgia" et "Danse avec la vie"

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