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Dans mon chapeau...
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16 mai 2009

Un inventaire des vieilles forges de Wallonie

"Forges anciennes" de René Evrardforgesanciennes1956evrard
2 ½ étoiles

Solédi, 1956, 225 pages, sans isbn

Quelques mots pourraient suffire à résumer cet ouvrage de René Evrard : c’est tout simplement un inventaire, dressé entre 1949 et 1955, et accompagné d’une riche documentation photographique, des vieilles forges wallonnes installées sur les rives des affluents ou sous-affluents de la Meuse, de la Sambre ou de la Moselle - des cours d’eau dont le courant fournissait l’énergie nécessaire à l’entraînement des soufflets assurant la ventilation des fourneaux ou encore des lourds makas (puisque tel est le nom que l’on donne en Wallonie à ces lourds marteaux hydrauliques que l’on connaît plus souvent en France sous celui de martinets).

Forges_anciennes_4

"Forges anciennes" aurait normalement dû constituer le deuxième volet – publié avant le premier - d’un diptyque consacré à l’histoire de la métallurgie du fer en Wallonie, mais pour une raison que j’ignore, il semble que le premier volume n’ait en fait jamais vu le jour [1], nous privant donc d’une information contextuelle et historique qui est ici réduite au strict minimum: un bref résumé des données disponibles - dans la littérature disponible alors – au sujet de chacune des usines à fer répertoriées ici. Plusieurs études plus approfondies – et exploitant largement les registres des permissions et maintenues d’usines, ou encore de vieilles archives familiales… - ont été publiées depuis lors (citons par exemple les travaux de Georges Hansotte, ou le mémoire d’Alphonse Gillard traitant du travail du fer dans l’Entre-Sambre-et-Meuse). Et il en découle que le texte du livre de René Evrard ne présente plus pour les lecteurs d’aujourd’hui qu’un intérêt limité.

Les photographies réalisées par Clément Dessart pour le présent volume, en revanche, constituent toujours des documents très précieux pour qui s’intéresse à l’histoire du travail du fer dans la région. Dans les années 1949-1955, quelques rares forges étaient en effet toujours en activité, fabriquant encore au maka des outils agricoles pour les fermes avoisinantes, et Clément Dessart a ainsi eu l’occasion de photographier quelques makas et cisailles hydrauliques qui ont entretemps été démantelés [2].

Mais dans d’autres cas, beaucoup plus nombreux, il ne subsistait plus des anciennes forges que leurs installations hydrauliques réaffectées au fonctionnement d’une scierie ou d’un moulin à farine, ou encore des bâtiments reconvertis en maisons d’habitation ou en exploitations agricoles.

Forges_anciennes_2

Et parfois, les traces se font plus ténues encore : un lieu-dit dont le nom atteste encore de la présence, dans un passé lointain, d’une usine à fer ou un étang artificiel, souvenir d’une retenue d’eau destinée à alimenter les roues d’une fabrique depuis longtemps disparue… Autant de souvenirs d’une vie industrielle aujourd’hui évanouie et dont on ne peut que savoir gré à René Evrard de les avoir préservés pour les générations futures.

Forges_anciennes_3

[1] Je n’ai en tout cas pas réussi à en retrouver la trace, y compris dans les collections de la Bibliothèque Royale.

[2] Entre le moment où les photos ont été prises (1949-1955) et la publication de l’ouvrage (en 1956), pas moins de huit des douze makas qui y sont répertoriés ont en effet été démontés ! Et aujourd’hui, en 2009, je ne me risquerais pas à parier un centime sur le fait qu’un seul de ces makas soit encore conservé sur son site d’origine…

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Commentaires
E
Le premier tome était consacré à l'usine de Vennes et il a bien été publié
F
Oui. Et ils sont encore plus impressionnants en "vrai": on peut encore en voir un à la maison de la métallurgie de Liège. Et je crois aussi au musée de la vie wallonne (si je suis bien renseignée).
D
Je vois que vous faites la suite de votre ballade chez les fondeurs <br /> il y a un côté impressionnant à ces photos de ces machines qui pouvaient broyer un homme mais en même temps faisaient vivre une région
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